21 mai
Lu: "Oeuvres" de Cesare Pavese (Quarto, Gallimard).
Il est mort en été. Il n'eut jamais de femme, ni d'enfants, ni une maison à lui. Il avait une idée de soi et de son destin. Il habitait chez sa soeur mariée, qui l'adorait et qu'il adorait, tout en conservant dans l'intimité une sorte de rudesse; il se comportait comme un jeune homme, ombrageux et timide, ou comme un étranger. Il s'interdisait la pitié; il était un ami fidèle et intransigeant. Il avait un désir de peuple, de femmes, d'Amérique. Il aimait le poète américain Walt Whitman; il avait traduit en italien Hésiode, Melville et Joyce. Désenchanté du monde sans être dégoûté de soi, il était de naissance fatigué de vivre.
Né en 1908, Pavese est un Piémontais, un homme des collines - la colline est un des motifs spirituels de Pavese. Ce fervent Turinois est un intellectuel paysan, dialettale, comme Pasolini, nostalgique des âges et des dieux antiques. Un Italien? "Aujourd'hui - comme hier -, naître en Italie, c'est comme rater le train. On manque d'oxygène, d'opportunités, de choix. On ne voit personne, on n'est en contact avec rien. C'est une province". On ne comprend pas la singularité du fascisme, non plus que du communisme, italiens, si l'on ignore cela. Et pour bien comprendre Pavese, sa tentation fasciste, puis son repentir et son dégoût, sans doute faut-il lire Benedetto Croce et Gramsci mais c'est une autre histoire...
Il est impossible de relire certains poèmes de Pavese sans y deviner un pressentiment de sa propre mort, mimée par avance, assumée et voulue. Par exemple, celui-là, qui me fait penser, invinciblement, aux derniers plans, apaisés et funèbres, de "Profession reporter" d'Antonioni: "Il sera inutile de se lever du lit, / Seule l'aube entrera dans la chambre déserte. / La fenêtre suffira à vêtir chaque chose / d'une clarté tranquille, une lumière presque" (1).
Dans son "Portrait d'un ami", Natalia Ginzburg évoque Turin, avec son odeur de gare et de suie - "Notre ville ressemble à l'ami que nous avons perdu et à qui elle était chère...; à chaque coin de rue, à chaque fois que nous nous retournons, il nous semble que sa haute silhouette avec son manteau foncé à martingale pourrait apparaître d'un coup, le visage caché dans le col, le chapeau rabaissé jusqu'aux yeux". Il ne quittait jamais sa "vilaine écharpe", entortillée autour de son cou, comme une corde pour se pendre.
Nulle élégance recherchée; beaucoup d'abandon, quand il est seul, et un brusque retrait, dès qu'on s'approche. Ecrire, vivre - écrire sa vie comme un "métier". Son journal d'écrivain, son zibaldone, est avec ceux de Kafka, Pessoa et Virginia Woolf l'un des plus précieux: la chronique palpitante d'une ascèse. Rares sont les livres où l'on entend l'auteur respirer. "Ce n'est pas l'expérience qui compte pour un artiste, c'est l'expérience intérieure", écrit-il. "L'intérêt de ce journal est peut-être la repullulation d'idée imprévues, d'états conceptuels, qui, par elle-même, mécaniquement, marque les grands filons de ta vie intérieure. De temps en temps tu cherches à comprendre ce que tu penses, et seulement après coup, tu cherches à en trouver les correspondances avec les jours anciens. C'est l'originalité de ces pages: laisser la construction se faire d'elle-même, et la placer objectivement devant ton esprit. Il y a une confiance métaphysique dans ce fait d'espérer que la succession psychologique de tes pensées puisse prendre figure de construction", écrit-il encore, le 22 février 1940.
Ce que Kafka, Virginia Woolf et Pessoa, si différents pourtant, ont en commun, c'est de traiter le temps comme une matière, une couleur ou une forme, non comme une limite. Chez Pavese, le temps est artiste - artiste et vandale. (Il faut peut-être avoir vécu en Italie , en Egypte ou en Grèce, pour sentir cela). Il y a dans tout ce qu'il écrit un air de vacance, - "un vide, une attente, qui fait frémir notre peau nue". Et puis, il y a aussi le temps de la "fête", célébration et sacrifice, comme si Pavese était obscurément relié aux mythes grecs. Fureur et mystère.
Nul n'a été vrai comme lui. Quatre mois avant son suicide dans une chambre d'hôtel, près de la gare de Turin, il écrit: "Maintenant, la douleur envahit aussi le matin"; et, dans une lettre à son amie Connie: "Ne dis pas merde trop souvent, cela ne m'aide pas". Ses derniers mots, griffonnés sur une page de livre, avant son suicide: "Je pardonne tout le monde et je demande pardon à tout le monde. Ca va? Pas trop de commérages".
Je vois toujours, le lisant, ses grands yeux noirs plein de feu, et qui m'effraient. Il a la voix forte et claire des êtres passionnés, affamés, vigilants, qui cèdent, sans jamais devenir vieux, à l'immémoriale vieillesse du chagrin. Pavese ne ment pas - c'est la vérité qu'il veut dire, il croit à la vérité comme un enfant. "Un enfant, crétin et poseur", dit-il, et qui s'impatiente.
Quelques phrases (dans "Le métier de vivre"):
"La seule règle héroïque: être seul, seul, seul".
"Dès ma jeunesse, j'ai eu cette idée que que celui qui ne dormirait pas ne vieillirait jamais".
"Il en va des livres comme des gens. Il faut les prendre au sérieux. Mais c'est justement la raison pour laquelle nous devons nous garder d'en faire des idoles, c'est à dire des instruments de notre paresse".
"Est péché ce qui nous inflige du remords".
"Une belle paysanne, une belle prostituée, une belle maman, toutes ces femmes chez qui la beauté n'est pas l'occupation artificielle de toute une vie, ont une dure impossibilité de raillerie".
"Les femmes ont une profonde et fondamentale indifférence pour la poésie. Elles ressemblent en cela aux hommes d'action - les femmes sont tout entières des hommes d'action.... Les femmes ne confondent jamais leur émotion avec la vraie émotion active et vitale qui les prendra ensuite devant la vie".
"Les suicides sont des homicides timides".
(1) "Le paradis sur les toits", Poésie/Gallimard, p. 157. "Non sarà necessario lasciare il letto / Solo l'alba entrerà nella stanza vuota. / Basterà la finestra a vestire ogni cosa / di un chiarore tranquillo, quasi una luce".
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