13 févrirer
Difficile l'art de gouverner? Sans doute. Il faut le même tour de main, le même jugement, la même maîtrise que pour faire sauter dans une poêle une friture de petits poissons! J'ai toujours aimé les gens qui parlent gravement de ce qui est frivole, avec légèreté de ce qui est grave. Philosophe, poète et moraliste, conseiller du prince, Lao-Tseu ou Laozi (Ve-VIe siècles avant J.C.) est de ceux-là. Il adopte tour à tour un masque de paysan ou de bouffon; il fait l'éloge du "coeur parfait" de l'eau; il prend à revers les notions admises, il tord le cou aux idées reçues: "Renonce à la sagesse, répudie la connaissance".
Dans son "Entretien intempestif sur le Tao" (Actes-Sud), Henri FALIU-BLANC imagine deux personnages: d'un côté, le novice, assoiffé de vérités définitives, enthousiaste, inquiet, déçu, alarmé; de l'autre le maître, interprète du Tao, solennel, blagueur, ironique, mordant, paradoxal et donnant libre cours à sa fantaisie. Au milieu, il court, il court, le Tao, comme le furet.
Le Tao peut-il se manifester sous les traits d'un animal? Est-il dans la rosée du matin, le murmure du vent? Réponse: "Le Tao est un grand acteur: il excelle dans les rôles classiques de l'éléphant assoiffé, de la fourmi peu prêteuse, de l'arc-en-ciel souriant, de la mante religieuse triturant de ses mandibules vertes les syllogismes de la condition humaine". Il est "un figurant obscur, un comparse, une silhouette de mendiant qui passe et se perd dans la foule". Il est "ce rat fuyant à travers les égoûts".
Le Tao est aussi "ce soulier de satin, ce sabot d'or et de luxure que les femmes de moeurs légères lancent, dans un éclat de rire, par-dessus parapets et moulins". Il est ce "râteau posé contre un mur de pierres sèches", ce "figuier poussé au bord du vieux bassin", "l'odeur des copeaux dans une venelle de la capitale de l'Est" ou encore "ce numéro de téléphone presque effacé des mémoires... UNIVERSITY 6-3016", ajoute Henri Faliu-Blanc, plus farceur qu'un vieux bonze.
Ni une religion, ni un itinéraire, ni une philosophie, ni une éthique, ni une sagesse. Quoi alors? Ne serait-il pas, tout bien considéré, le Temps qui passe? Peut-être bien. "Le Tao est un grand chaudron où frétillent dans l'huile bouillante, ensemble, la seconde qui dure des siècles, l'heure qui se traîne en baillant d'ennui et la royale année-lumière qui, si altière et si grande dame soit-elle, finira, elle aussi, mangée". Le Temps qui dort, le Temps qui règne, et notre monde n'est que le plus petit de ses rêves.
La mort même, si puissante et inflexible soit-elle, doit s'incliner devant plus puissant qu'elle: l'indestructible, l'inaliénable "avoir été" qu'elle ne peut ni abolir ni effacer. Le Tao sait que "l'art est la preuve que la vie ne suffit pas"; il se récite souvent les vers immortels des poèmes qui ne sont pas encore écrits". Quant à la Beauté, le Tao tient qu'elle se blottit aussi bien dans la "vomissure du chien" que dans "le crachat verdâtre et strié de sang que le clochard lance sur l'asphalte". "Quand le voyou croise le Tao, il éclate d'un rire niais et épais", dit Lao-Tseu dans le "Tao-te-king". D'ailleurs, le Tao n'a que faire de disciples et murmure aux néophytes qui seraient tentés de brandir ses préceptes: "Oubliez le Tao, passez votre chemin".
http://www.youtube.com/watch?v=L68Fuy3YV1o
Rédigé par : Alistrid | 13/02/2009 à 07:17
Le Tao est partout...
Qui connaît autrui est intelligent,
Qui se connaît est éclairé,
Qui vainc autrui est fort,
Qui se vainc soi-même a la force de l'âme.
Qui se contente est riche,
Qui s'efforce d'agir a de la volonté.
Qui reste à sa place vit longtemps.
Qui est mort sans être disparu atteint l'immortalité.
lao-Tseu "Tao-tö king"
(Je pense qu'on ignore où et comment est mort Lao-Tseu).
P.S Je ne peux m'empêcher de penser à "Fibrilles" de Michel Leiris...
Rédigé par : Anne B | 13/02/2009 à 07:34
PETITE VOMISSURE
Ainsi pourquoi
Vit la pulpe d'évanescence
Dans la large profondeur
De toutes les transparences
Sans que les considérations
N'effleurent de leurs doigts
L'éminence aigüe
Qui préside sans souci
Au bon vouloir des apparences
Du folklore qui croit encore
anne b, un vieux truc à propos de michel leiris (et de sa peur de mourir)
FOURBIS DE FIBRILLES
Les savants voient toujours l'art
Avec leurs lunettes d'obsidienne
Et leurs cagoules sans trous
Jamais ils ne voient
Pleurer la mer
Danser le feu
Et chanter le vent
Ces forçats et galériens
Du bulbe endimanché
Dans la torpeur de leurs bagnes
Biffures sur le sable
Que la mer oublie sans même sourciller
Rédigé par : gmc | 13/02/2009 à 09:47
Merci gmc!
Rédigé par : Anne B | 13/02/2009 à 10:07
Pour avoir lu, sans en avoir un souvenir tout à fait précis et exact, le Tao Te Kin, je me demande si la présentation qui en est faite ici (un peu comme s'il s'agissait d'un ancêtre antique du Dadaïsme) est tout à fait pertinente. Non pas que je ne puisse comprendre qu'il puisse être salutaire par moment de signaler, par la fantaisie, l'impuissance devant laquelle se trouve la plupart du temps le langage, en particulier rationnel, pour saisir la vie. Mais il me semble qu'il y a autre chose dans ce texte qu'un effort continu pour témoigner d'une éventuelle insignifiance du langage. Il me semble qu'il s'agirait plutôt de la mise en exergue d'un silence, d'où proviendrait toute parole qui aspire à l'authenticité. A rapprocher, peut-être, de l'indicible tétragramme dans la tradition biblique, qui n'est pas « le temps », mais « avant le temps» , et d'où provient, selon la tradition évangélique, le Verbe, qui lui est au commencement.
Rédigé par : Anatole de Saint-Hilaire | 13/02/2009 à 14:07
SPASMODIE EN SOL MINEUR
La voie ne connaît pas
L'effort que revendiquent
Les forçats du comprendre
Dont les griffes impuissantes
Continuent de vouloir
Saisir à tout prix
Les sourires de l'indicible
Qui se satisfait
De sa ration d'ordinaire
Sans chercher midi
Dans les ramages multicolores
Des pains perdus
Rédigé par : gmc | 13/02/2009 à 14:38
Habituellement je suis noyé. Comme je ne suis pas gros, rarement on m'attrape au bout d'un hameçon. Un m'a échoué sur le sable, asphyxié par l'air. Je suis parfois solubilisé! et ainsi je découvre un livre... On m'a enlevé un s. Mais jamais je ne m'étais fait frire, depuis que je suis poisson.
Ayant décidé, une fois pour toute, de résister à la tentation de croire que je suis le centre du monde (les apparences nous le font croire, toutes nos sensations partent de nous et tout ce qu'on ressent rayonne vers soi, c'est la présence des autres qui nous détrompe), je me dis seulement : "c'est sûr que c'est pas facile, de faire une friture". Il faut avoir un poissonnier de première main, déjà. Et à manger, ce n'est pas donné à tous d'apprécier, non plus.. La tête, les arêtes. Le sel et le goût d'huile, la chair à peine devinée suffiront-ils à faire oublier les sensations de piqûre dans la gorge et l'idée des viscères qu'on n'a pas oté?
Quand on choisit un pseudo, on ne mesure pas à quel point il va faire partie de soi, jusqu'à se retrouver concernée, se sentir proche d'un mot, là, partout où quelqu'un s'en sert sous vos yeux.
On voit que notre nature nous porte à être mollement égocentré, égocentriquement mou (j'ai trouvé ce procédé sur un blog, ça marche presque à tout les coups, je vous conseille mais attention, ça devient vite un tic).
Rédigé par : mme petit poisson | 14/02/2009 à 09:33
Hallo Peter en Clara,nooit gedacht dat er maar 22 m. mnesen woonden in Australie, maar het klopt inderdaad.Na jullie vakantie ervaringen moeten jullie maar eens een keer bij ons langs komen. Gezellig!We wonen practisch bij jullie om de hoek. Fijne feestdagen toegewenst in Australie.Groetjes,Arthur
Rédigé par : David | 28/05/2012 à 04:13
Hallo Peter & Carla,Wat een mooi landschap zeg. Ik kijk met plzeeir naar deze mooie foto's. Werkelijk geweldig zo aan de andere kant van de wereld. Waar zijn jullie eigenlijk met oud en nieuw?
Rédigé par : Kamol | 28/05/2012 à 10:59