5 mars
C'est ma nouvelle bible: "L'Ecrit Web. Traitement de l'information sur Internet" de Joël RONEZ (CFPJ Editions). Ca vous fait rire peut-être? Oui, c'est un manuel d'initiation. Il y a encore trois mois, je n'aurais pas parié que je dévorerais un jour ce genre d'opuscule. Pour l'auteur, spécialiste du contenu éditorial et de l'architecture d'information en ligne, l'écriture web est une écriture de "rupture" qu'il définit comme "en mouvement" ("cinétique"). J'avoue que ça me plaît.
Une écriture pour temps de crise? De krisis: la décision, le jugement, c'est à dire la rupture. Je ne lis pas beaucoup Husserl mais j'aime quand il dit, en moraliste, vers 1935: "Le principal danger qui menace l'Europe, c'est la lassitude". On dirait du Cioran à l'envers. Le webwriting est-il un remède à la lassitude?
C'est, en tous cas, une écriture du "fragment" et "de l'instant". On fait sa Marie-Antoinette ou son petit Héraclite. Ca ne me déplaît pas non plus. Le fragment, seul genre honnête?, s'interrogeait Roland Barthes.
A l'évidence, "l'internaute est plus qu'un lecteur". Je le vérifie auprès de vous chaque jour. Il est non seulement un récepteur, un destinataire, mais aussi un médiateur qui peut agir et réagir à tout moment. Il dispose d'informations et de connaissances qu'il a la possibilité d'exprimer instantanément, s'il le souhaite. L'écriture n'est peut-être qu'une forme active de la lecture! Le rédacteur ne détient aucune exclusivité: il doit fédérer une "communauté", un clan, et y susciter l'interactivité, l'intersubjectivité. Ouais bon, d'accord, ça jargonne un peu, les théories de l'hyper-texte!
La France, championne des blogs? Pas de statistiques officielles, des estimations. Nous serions au 4e rang mondial (9 millions dont 3 actifs), derrière les Etats-Unis, la Chine et le Japon. Les Français seraient, en revanche, au 1er rang en Europe (1/3 des bloggers européens) et au 1er rang mondial pour le nombre de blogs rapporté au nombre d'internautes. Restons modestes. Le même moteur affirme que la langue française ne compte que pour 2% dans la blogosphère (56 millions à la fin de 2007)!
Il semble que sur Internet, on lise différemment: plus lentement, environ 25% moins vite. J'aurais pensé le contraire.
J'ai noté ceci qui m'enchante: "Pas de billet sans lien: le blog s'en accomode très bien. C'est une figure stylistique à part entière".
Enfin, certaines questions posées par Joël Ronez sont fascinantes. Par exemple celle-ci: "Faut-il réapprendre à écrire?" Ou bien: "Assisterons-nous à la fin du paradigme de la bibliothèque?" Ou encore: Et si la page était une "unité de contenu qui a été importée improprement de la civilisation du papier?"
On n'est pas sorti de l'auberge!