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10/01/2009

Commentaires

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Christophe B.

Jean-Philippe Toussaint, lui, parle de la télévision dans son roman " La télévision ".

Et, ma foi, c'est assez pour me nourrir et me contenter.

En revanche, la question " Comment écrire sur les livres ? " fera certainement l'objet de l'un de vos futurs billets, mais, cette fois-ci, sûr que l'écran ne fera pas écran.

BenReilly

J'ai été blessé par la critique, j'ai aussi beaucoup blessé, mais je pense que l'on peut apprendre à devenir plus fin, d'user de plus de tact.
Peut être que, comme pas mal d'autres disciplines, la critique est quelque chose qui s'apprend sur le long terme.

mme petit poisson

Mais vous êtes tout dépité!

ardente patience

Puis-je demander comment vous entendez sentimental ?

*

Est-ce que vous voudriez dire qu'un certain type de critique devient cynique et sans pitié vis à vis de sa cible par dépit amoureux ? Ce serait la déception amoureuse ainsi la mort radicale qui en l'occurence endurcirait le critique ?

Ou bien l'entendiez-vous comme un quelconque événement dans la vie d'un homme, ici critique, vécu comme un échec jamais tout à fait encaissé ce qui le rendrait sentimental vis à vis de lui-même et qui alourdirait sa charge vis à vis de celui qui se relève, ici l'écrivain, par vengeance, pour se réhabiliter à lui-même, pour dire moi aussi ! j'étais écrivain (mais à cause de vous je ne suis plus que critique)? Vous entendez sentimental comme apitoiement sur soi-même ?

Pardonnez-moi de poser cette question peut-être bête, elle ne se pose pas parce que vous ne seriez pas clair mais quand je rencontre l'adjectif sentimental (qui plus est accolé à "cynique"), je me demande toujours (sans doute parce que je dois l'être) pourquoi cela est suggéré de façon risible, avec je ne sais quel sous-entendu. Est-ce
une tare ?

(ou bien je ne comprends pas bien le propos par manque de culture tout simplement)

Delacroix

" Le plus beau triomphe de l'écrivain est de faire penser ceux qui peuvent penser " 2 LA X

Many Airs

Je rajouterai bien humblement,
pour avoir du succès (de l'audimat au moins) n'écrivait rien qui pourrait appeler la contemplation. Ecrivez du mièvre, du personnel et du témoignage en égratignant quelques autres au passage... ou plus exactement faites écrire ; car qui sont les auteurs de ces livres qui se ramassent à la pelle chaque semaine ? Sans doute pas ceux qu'on voit à la télé chez Ruquier.

ororea

Soyez cynique et sentimental : genre Noiret en Christian Legagneur, animateur de télévision dans Masques de Claude Chabrol en 1987? Bouh, ça fait peur...

Christine Jeanney

J'ai regardé l'émission d'Arrêt sur image. Il me semble que les critiques virulentes d'Eric Naulleau s'attaquent à des objets promotionnels, pas à des livres "d'écrivains". Le mélange des genres est inconfortable, et dans ce cas il s'agit plus de catch que de littérature.
Et puis il y a l'éternel problème de la légitimité, qui pose deux questions parallèles : de quel droit s'arroger le droit de donner son avis ? De quel droit décider qu'offrir aux autres son écriture mérite leur intérêt ? (je n'ai aucune réponse !)

Franck Bellucci

Ce débat sur le statut de la critique littéraire de nos jours, sur la place du critique, sur son rôle, son pouvoir, son rapport à l'écrivain (et inversement, le rapport de l'auteur au critique) est tout à fait intéressant. Je pense qu'actuellement la critique n'existe plus, ou si peu, et reste confidentielle donc peu, voire pas présente, dans les grands médias. Bien sûr, j'entends par là la vraie critique, celle qui ose argumenter, défendre une opinion, analyser, porter un jugement, celle qui n'en reste pas au stade de l'émotion, de l'impression. En fait, la critique cède de plus en plus le pas à la promotion (donc à une forme particulière et déguisée de publicité) laquelle ne cherche pas à faire sens mais à vendre le livre qui devient alors produit de consommation comme les autres. Et pour faire vendre, deux tactiques principales sont mises en oeuvre : soit on encense sans nuances, on crie au génie, on vante une pseudo audace soit on lapide sur la place publique, on attaque mortellement... La seconde solution étant en effet adoptée par certains chroniqueurs qui pensent que mordre signifie critiquer et qui confondent l'insolence salutaire (qui peut faire avancer) et la vulgarité raccoleuse. Raison pour laquelle les petits éditeurs indépendants ont aussi beaucoup de mal à survivre, à se faire connaître, à promouvoir leurs ouvrages et leurs auteurs, à résister aux stratégies marketings des plus grandes maisons lesquelles savent user d'affinités particulières avec les médias pour occuper tout le terrain. Ainsi, les médias tirent-ils profit des coups éditoriaux fabriqués de toutes pièces et les grands éditeurs vendent-ils leurs publications via les médias. Chacun y trouve ainsi son compte. Mais où est le critique dans tout cela, celui qui ose encore questionner, prendre le temps de dialoguer avec l'oeuvre et l'auteur, celui qui va au fond des choses, du sens, d'une esthétique, d'un univers, celui qui essaie de décoder, qui éclaire ? Ce critique là est une espèce en voie de disparition. Certes, il reste quelques rares specimens qui tentent malgré tout d'échapper aux pressions, de conserver leur indépendance et de conduire leur oeuvre critique (car c'est une oeuvre que construit le vrai critique, voyez les grands du siècle dernier) mais le plus souvent ils se voient remerciés par les médias (suivez mon regard...) que toute quête de sens dérange. Parce que celui qui cherche et qui s'interroge n'est pas facile à manipuler...

Valérie

Bonjour,

Je vous ai suivi de la télévision à votre blog que je viens lire avec plaisir chaque matin. J’avoue ne pas être une grande lectrice et avoir des lacunes certaines en littérature, mais je connais le plaisir de lire.

C’est pour cela que j’aime tellement que vous nous fassiez partager vos coups de coeur avec autant de chaleur. Je peux être sure que je passerai un moment intéressant en me plongeant dans un texte que vous avez sélectionné : vous me guidez vers des trésors que j’aurais mis bien plus de temps à découvrir par moi-même.

Car voyez-vous, lorsque j’entre dans une librairie, il ne m’est franchement pas difficile de trouver toute seule les livres “commerciaux” dont un lecteur avisé ne dirait pas forcément beaucoup de bien. Pourquoi donc en parler plus longtemps ? Mais pour dénicher des pépites et surtout pour accéder à la compréhension et au plaisir des beaux textes, les conseils et les explications enthousiastes d’un guide me sont bien utiles.

Ainsi, après vous avoir lu chaque matin, j’ai toujours envie de vous dire merci. Votre blog m’en donne l’occasion aujourd’hui et j’en suis bien contente.

gmc

DU GOÛT DES RAGOÛTS

Les vrais assassins
Ne sont pas des critiques
Et aucun écrivain
Ne meurt de son vivant
A moins de devenir poète

A mâchonner du plomb
Il ne sort que du plomb
Des égoûts vespéraux
Rien de tangible
Au regard du langage
Dont se pare la mort

La polémique est une guerre
Inutile comme tous les débats
Où les chiens se déchirent
Au nom de putréfactions diverses
Dont ils veulent faire croire
Qu'elles ont de l'importance

Observant cela le vent sourit
D'un clin d'oeil le feu rugit
Et l'eau effectue un salto
Comme un dauphin inversé
Dans une étincelle de clarté

Anthropia

Vous êtes un gentil, FF, cela dit sans moquerie.
Je veux dire que vous aimez partager vos enthousiasmes : comme sur France Culture, j'aime vos avis nuancés, avec lesquels je suis souvent d'accord quand je lis les livres que vous avez commentés.
Vous donnez plutôt les points positifs d'abord, et si on ne vous écoute pas davantage, on n'entend pas vos bémols, vos coups de pattes.
Comme je ne suis pas critique littéraire, je ne mets sur mon blog que les livres que j'ai aimés.
Mais il est vrai qu'on parait tout de suite plus intelligent quand on met en boite.

http://anthropia.blogg.org

Sylvaine

Cet article F.F. me fait penser à mon professeur Jean Starobinski et ces quelques lignes que
j’extrais de son livre « L’œil Vivant » Ed. Gallimard 1961.

« Le critique est celui qui, tout en consentant à la fascination que le texte lui impose, entend pourtant conserver le droit de regard. Il désire pénétrer plus loin encore : par-delà le sens manifeste qui se découvre à lui, il pressent une signification latente. Une vigilance supplémentaire lui devient nécessaire à partir de la première « lecture à vue », pour s’avancer à la rencontre d’un sens second…A la vérité, l’exigence du regard critique tend vers deux possibilités opposées, dont aucune n’est pleinement réalisable…Mais si loin qu’il aille…le critique ne parviendra pas à étouffer en lui-même la conviction de son identité séparée, la certitude tenace et banale de n’être pas la conscience avec laquelle il souhaite se confondre… »Le Voile de Poppée.

Starobinski a reçu en 1958, le Prix Fémina Vacaresco pour sa thèse sur "La transparence et l'obstacle chez J.-J. Rousseau.

Jean-Louis B.

Dans le fatras des souvenirs qu'il me reste de mes lointaines études de lettres modernes, il y a cette phrase de Paul Eluard (extraite d'un livre que je n'ai pas lu entièrement "Les frères voyants" anthologie des écrits sur l'Art) : "Les artistes font des yeux neufs, les critiques d'art, des lunettes". Eluard, en écrivant cela, pensait surtout à la Peinture mais il me semble qu'on peut s'autoriser à l'appliquer à tous les arts lorsqu'il s'agit de confronter la fonction des arts et celle de la critique d'art. Et donc aussi bien à la littérature.
Si je n'accepte pas qu'un critique, aussi expert soit-il, me dise ce que je dois aimer et détester, j'accepte volontiers que son expertise me montre des livres et/ou des auteurs qui m'auraient sinon échappés, des genres que j'aurais pu délaisser voire mépriser etc...
Quant à la promo médiatique, même si elle s'insinue quasiment à notre insu tant elle est omniprésente, personne n'est après tout obligé de se soumettre à son influence. D'autres lieux que la télévision existent où palpitent des livres en attente de lecteurs : à la radio, sur le Net, dans les magazines et journaux et puis aussi dans certains lieux trop délaissés qu'on appelle des bibliothèques et des librairies.

Anne B

"Le critique peut empoisonner une existence, il peut tuer, mais aussi guérir, créer une harmonie, donner une forme, un avenir... non ?
L'écriture est imprévisible comme l'est précisément la vie, pourquoi le critique ne le serait -il pas aussi ?
Un bon critique pose nécessairement le problème de l'objectivité mais aussi de la subjectivité littéraire(ou artistique)il oscille entre l'esprit "critique" et la vulnérabilité de la conscience.C'est un art de juger les ouvrages de l'esprit, de ne pas tomber dans la censure, c'est une écriture qui tient de la "performance".
"Qu'est-ce qu'un critique, quelqu'un qui a eu très peur de la mort", ne pensez vous pas que l'on puisse dire la même chose de l'écrivain, de l'artiste, du musicien...essayer de trouver une sorte de continuité fébrile à la vie, parce qu'elle est instable, éclatée, fragmentée, qu'il faut fuir son ennui, ses désastres, son désenchantement politique.
L'écrivain a souvent du mal à accepter le monde extérieur, à communiquer avec lui, et il embarque le critique qui (je pense ) doit, sans cesser d'être soi, vouloir être un autre.C'est la solitude quoi!
"Se nasce e si muore, che è già un eccesso di compagnia" (Carmelo Bene).

P.S: Vous êtes aussi un écrivain, Frédéric, j'ai lu vos livres !

Anne

Je viens de penser à "Danseur" de Colum Mc Cann (la lecture est encore fraîche), il y a de belles pages sur la critique, le jugement, le doute, la solitude et tout cela rattaché à la danse, l'écriture; la musique, la peinture, à l'ART, à la VIE quoi!

Anne

la Bibliothécaire

Merci Jean-Louis B.
Nous sommes à votre service ! On ne demande que ça, nous - "les professionnels du livre" - partager nos découvertes, nos émotions... et, "nos" livres, nous les choisissons aussi avec Vous si vous avez des suggestions.
Alors A bientôt j'espère !

gmc

anne B,

"C'est un art de juger les ouvrages de l'esprit"

si ça l'était, les grecs lui auraient attribué une muse qui manifestement fait défaut.

juliette

je retiens cette phrase à laquelle j'adhère :
"à la télévision le rire a tué l'humour"
Où sons nos humriste d'antan ?

ororea

P.S: Vous êtes aussi un écrivain, Frédéric, j'ai lu vos livres !

Rédigé par: Anne B | 11 janvier 2009 at 16:36
Moi aussi j'ai tout lu! Du temps où j'étais en transe devant ma tv (mais je me soigne et mon psy ne m'a pas encore interdit ce blog) et même les derniers...

Anne B

gmc,

Si si dans mon souvenir, les Muses pour Hésiode aidaient à comprendre l'homme, pris entre les puissances des ténèbres et de la lumière;
Elles incarnaient la découverte de l'esprit, elles ravissaient les poètes et tout créateur intellectuel.
(Chanteuses porteuses de joie).

A.

Anne B

Ororea,

Non, je n'ai pas "tout lu", heureusement pour moi !

A.

ororea

Non, mais les oeuvres de FF? Moi, j'ai tout lu (sauf l'inédit).
Pour le reste, vous avez l'air d'une solide lectrice quand même...

gmc

anne,

"créateur intellectuel", c'est presque une expression dévalorisante (je sais que vous ne l'avez pas pensé ainsi, mais elle peut être perçue comme telle, la joie n'a pas grand-chose à voir avec l'intellect qui est plus un phénomène mécanique).

et aucune muse n'a dans ses "spécialités" le jugement critique, donc il n'est pas vraiment opportun de le ranger dans une catégorie artistique.
disons que cette activité ressort plus d'une coutume sociétale qu'autre chose.

Anne B

gmc,

Je pense à l'esprit comme plaisirs de l'intelligence, plus dans le sens de Ph. Sollers.
Dans la "Guerre du goût" il parle de cet esprit qui s'efface...

A.

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