7 février
LU: "Dylan par Dylan" de Bob DYLAN, Interviews 1962-2004, édition établie par Jonathan COTT (Bartillat).
"Qui êtes-vous, Bob Dylan?": c'était, je m'en souviens, le titre du magazine que lisait Jean-Pierre Léaud dans le film "Masculin-Féminin" de Jean-Luc Godard. Un poète? "On peut travailler dans une station-service et être un poète. Je ne me considère pas comme tel parce que je n'aime pas le mot. Je suis un trapéziste" (Positively Tie Dream, 1965). Un musicien? Ca ne fait aucun doute. Un magicien? Je l'ai toujours pensé. Ces textes passionnants ne font que confirmer ce qu'on savait déjà: qui n'a pas de secret n'a pas d'âme. Et Dylan en a mille.
Un jour de 1960, un jeune homme de 19 ans, Robert Allen Zimmerman, né à Duluth, Minnesota, l'aîné des deux fils d'Abraham et Béatrice Zimmerman, décida de se faire un nom et de vivre sa vie, pas celle d'un autre. Il serait Dylan - en souvenir du poète gallois Dylan Thomas. A-t-il consciemment fabriqué son propre mythe? Il s'en défend mais, dès ses premières interviews, il dit "Je" et parle de "Dylan" à la troisième personne: "Bob Dylan a grandi à Gallup au Nouveau Mexique. Je n'ai pas de famille. Je suis tout seul".
A propos de son film "Renaldo and Clara", en 1977, il confie à Jonathan Cott: "Ce n'est pas Bob Dylan qui l'a fait. C'est moi". Je est un autre. Dylan se défie de toutes les formes de filiation: il croit à la primauté du génie, à commencer par le sien, il en joue, il en rit. Comme un journaliste lui demande pourquoi il porte une perruque et une fausse barbe (au concert du Newport Folk Festival, en 2003), il s'esclaffe: "Est-ce bien moi que vous avez vu là-bas?" Et je n'oublie pas ce mot qui sèmera la stupeur parmi ses fans: "Mon Dieu, je suis content de ne pas être moi!" C'est une façon de se protéger: quel beau masque que la gloire!
Bob Dylan a été, dès son plus jeune âge, un enfant fugueur. Ses échappées belles l'entraînent sur les routes du Kansas, du Texas, de la Californie (où il déclare avoir assisté, à l'âge de dix ans, à un concert de Woodie Guthrie, à Burbank), et même jusqu'au Mexique. Il voyage à pied, en bus, en auto-stop, en passager clandestin dans les trains de marchandises, à peu près comme Jack Kerouac à la même époque mais lui, Dylan, n'est encore qu'un môme. Il sera plus ou moins adopté par des forains qui lui confient des petits boulots. Huckleberry Finn avec un balai qui va devenir une guitare.
Très vite, on observe sa faculté de métamorphose: il change de forme, de taille, d'aspect tout en portant la même casquette et le même jean. Il peut même varier le timbre de sa voix. Un vrai caméléon. Il chante d'abord comme "un chien qui s'est pris les pattes dans les barbelés", comme un "hillbilly" (un "péquenot"), note un commentateur à ses début. Au fil des ans, sa voix se transforme: "métallique et clinquante comme de l'or" dans l'album "Blonde on Blonde" (1966) - mon préféré -, plus limpide dans "Nashville Skyline" (1969) - il a arrêté de fumer! -, vulnérable et douce dans "Blood on the tracks" (1975), obsédante dans "Time out of mind" (1997). Ecoutez-le parler quand il chante: le rap, le slam et le reste, ça y est déjà.
Au sujet de Stéphane Audeguy, dans mon billet d'hier, je vous parlais d' "Orlando" de Virginia Woolf, quel rapport avec Dylan? "Une biographie est considérée comme complète si elle rend compte, tout au plus, de six ou sept moi, alors qu'on peut bien en avoir plusieurs milliers", écrit Virginia Woolf. C'est exactement ce qu'on ressent devant la vie et la carrière de Bob Dylan. Soupçonnant le public de "vouloir son âme", il fut toujours tenté de disparaître, de devenir étranger à soi comme aux autres - "étranger dans un pays inconnu", chante-t-il dans "You Changed my Life". Et dans "Outlaw Blues": "Ne me demandez rien sur rien/ Je pourrais même vous dire la vérité".
Un vieux roublard sommeille dans le coeur de l'artiste le plus sincère mais il reste sincère.
Exemples:
"- Bob Dylan, vous devez bien avoir vingt ans? - Oui, je dois bien... (Interview radiophonique avec Cynthia Gooding, WBAI, New York, 1962)".
"- Marlon Brando a dit un jour que vous et le Band étaient ce qu'il avait jamais entendu de plus bruyant? - Hmmm...". (Entretien avec Murray Engleheart, Guitar World et Uncut, mars 1999).
"La musique folk, c'est l'origine de tout, et aussi, à de nombreux points de vue, là où tout finit" (Entretien avec Mikal Gilmore, Rolling Stone, 22 décembre 2001).
"Ca me coûte de l'argent de rester invisible". ("Un pied sur 'autoroute", Entretien avec Robert shelton, No Direction Home, mars 1966).
une note ne avance, chouette; allez, en remerciement, une tite zik sympa:
http://www.youtube.com/watch?v=rIYlAdxlIzI#
HAUT LES FILLES
Que fait donc Baby Blue
Dans les bras de Tom Payne
A danser le long de l'Highway 61
Encore un truc de blonde
Qui fume des brunes
Au lieu de s'occuper
De l'herbe qui fait rire
Ou de l'ecstasy
Qu'on récolte les bras ouverts
Et les pas raccourcis
Et qu'en est-il de Lucy
Dont le ciel est de diamant
Tout autour du panoramique
Qu'une tour projette
Sur la pacotille des docks
Que des caméléons repeignent
En sanglots d'ivoire
Ou en flocons d'ébène
Suivant les doubles vues
Des verres à la réfraction pourpre
Moi je préfère Emily
Question de siècle ou de psyché
Une violence d'épouvantail
Pour les maîtres astronomes
Dans l'interstellarité polaire
Où les boosters s'éclatent
A réinventer des murs
En préludes ubuesques
A d'insouciantes réunifications
Au-delà des barbelés nucléaires
Rédigé par : gmc | 05/02/2009 à 12:55
"Une nouvelle phrase a éclaté dans ma tête, et je me suis levé. J'ai bondi. La phrase, en bondissant , à haute voix, je l'ai dite:
"CELUI QUI N'EST PAS OCCUPE A NAÎTRE EST OCCUPE A MOURIR".
Cette phrase m'a tout suite plu: elle ressemblait un peu à la première de ce livre ; même défi, même orgueil, l'allure cinglante, l'évidence absolue des phrases extrêmes. Mais celle-ci, je la connaissais bien, c'était une phrase de Bob Dylan ; elle venait d'une chanson qu'à une époque j'écoutais beaucoup"
Yannick Haenel. "Cercle".
Je préfère le mot phrase au mot parole...
Quand j'écoute Bob Dylan, j'écoute les phrases de sa musique et la musique de ses phrases.
Rédigé par : Anne B | 07/02/2009 à 07:31
Pour découvrir quelques unes de ses mille facettes : le film I'm not there. Le fait d'avoir pris plusieurs comédiens (et comédienne ! Cate Blanchett criante de vérité, le plus réussi peut-être des Dylan !)était-il un moyen de représenter les différents Bob ?
Rédigé par : Zimbo | 07/02/2009 à 08:55
L'impression que je garde, c'est la sombre histoire de la mort de son frère, une histoire de culpabibilité jamais vraiment surmontée,
et comment cela oriente la vie, en sursis, la création pour ne pas penser, la fuite pour ne pas être rattrapé, le savoir que l'âme s'est perdue et la musique pour en tenir lieu.
http://anthropia.blogg.org
Rédigé par : Anthropia | 07/02/2009 à 11:33
Chaque fois que je me remets une guitare entre les bras (de moins en moins souvent, il faut dire...), j'ai une pensée pour le Dylan qui m'a guidé, à son insu, dans mes premiers accords et essais de picking : lam, sib, miM7, doM7 etc...
Ça faisait mal au bout des doigts mais on insistait, malgré tout... Why ? "The answer my friend is blowing in the wind/ The answer is blowing in the wind...
Rédigé par : Jean-Louis B. | 07/02/2009 à 13:04
Ah, le am, Jean-Louis, la douceur d'un la mineur, moi qui plaque aussi quelques accords de temps en temps, je goûte les accords mineurs avant tout, mais n'oubliez pas le sol, JLB, qui rétablit l'accord.
http://anthropia.blogg.org
Rédigé par : Anthropia | 07/02/2009 à 14:09
A mon avis, JLB ne risque pas d'oublier le sol !
:-)
Rédigé par : jacqueline | 07/02/2009 à 15:03
"JLB ne risque pas d'oublier le sol !"
**************
Suggérez-vous par là que vous me pressentez "terre à terre" Jacqueline ?
Vous n'ignorez pas qu'il suffit d'ajouter un 7e... pour , du sol au sol7, se retrouver au ciel.
;-)
Rédigé par : Jean-Louis B. | 07/02/2009 à 16:43
Ce silence, toute cette musique, cette magie, et puis là, ce silence… Chhhh, le chat dort… Ca me rappelle cette nuit, ou ce matin, plutôt, à quelle heure déjà ? Vers les 4 heures, 5 chez vous, de l’autre côté. J’ai allumé la télé, et je suis tombée sur des clips très sympathiques, alors j’ai dansé, seule parce que c’est un peu une habitude chez moi, de ce côté-ci de la planète. Des clips de chanteurs français d’ailleurs. Je me suis réconciliée avec la chanson française depuis « Louise Attaque », « Léa », leur premier CD. Excellent. J’aime plutôt la chanson anglophone, Janis Joplin, par-exemple, et apparentés, mais là, c’est du bon. Léa a tout bon. Et j’ai repensé à tous les commentaires d’hier. Etonnée que j’étais, amusée par cet intérêt passionné pour la religion, l’Islam etc. J’ai tout relu. C’est du boulot hein… Wow. Autant ici, la majorité essaie de contourner cette religion omniprésente, autant, vous, là-bas, vous essayez de la pénétrer, de comprendre… Tous ces best-sellers que sont Bible, Coran, Torah, c’est du boulot. Quant à leurs auteurs respectifs, beaux comme des camions (aucune ironie, j’adore les camions), eh bien, ces camions, ils sont sensés avoir tout compris. (ils devaient avoir free). Pourquoi ça me fait penser à Babel (le film) aucune idée. Il a été tourné ici, d’ailleurs. Ils s’aimaient et se tuaient dans toutes les langues et directions, c’était très joyeux. N’empêche qu’ici, les gens disent : « un peu pour Dieu, un peu pour le Diable ». Le Diable au bons sens du terme, le Diable avec tout son bon sens, pas celui du feu qui crâme tout non, surtout pas, celui qui réchauffe de ses flammes, douce chaleur, amour, humour, chant, danse,couscouspizzafoiegras, désir, vie quoi ! Ca vaut mieux que de se geler les fesses pour l’éternité sur la banquise divine. C’est vrai qu’on rigole sur ce blog. Et, parole, il a beau être un bateau, il est beau comme un camion. Amen.
Et namasté
Rédigé par : Yasmine | 07/02/2009 à 17:16
JLB,je ne suis pas un petit génie.Mais... je tire un peu sur les cordes(comme jack et le Harry Coe magique).Ma foi,ça grimpe.Et,jamais de la vie je ne me permettrais de vous imaginer terre à terre.
:-)
Rédigé par : jacqueline | 07/02/2009 à 17:44
Ooooh ... je profite du beau commentaire de Yasmine pour laisser quelques vers de Jean-Paul de Dadelsen qui rappelle le titre de ce billet :
(extrait du Cantique de Jonas)
"Ah l'époque est intéressante, notez bien
ah, le moi est intéressant
mais celui qui est établi, celui qui vit dans l'entre-deux
celui qui n'aime assez ni son Moi ni Dieu
celui qui a été craché des ténèbres de la baleine personnelle
sur un rivage vide où il n'a pas su parler à Dieu
celui-là, que fera-t-il ?"
alors ... que fera-t-il ? Il dansera au-dessus des volcans ou se gèlera les fesses sur la banquise ? de cette vie et ses divines rives ...
Bon silence à tous !
Rédigé par : ardentepatience | 07/02/2009 à 18:00
ça me rappelle une blague qu'on faisait aux filles,
-Dis camion..............
-Camion
-Pim-Pon ;-) pouet pouet quoi
Une autre blague(un peu Lourde, certes):
-Quelle question se pose deux homosexuels juifs ?
-Qui sera elle ?
(Musique Maestro)
Rédigé par : Jacob | 07/02/2009 à 18:23
NID D'YEUX NID D'AIGLE
Ici tout le monde danse
Sur des reflets de soie
Vendangeurs de parfums
Cueilleurs d'arômes
A la serpe ou au fléau
A la masse d'armes
Ou au couteau dressé
A la caresse aigüe
Tout le monde danse
En cadence décaféiné
Très tendance branchée
Hors secteur des batteries
Dont les casseroles chromées
Font cuisine en sous-sol
Entre les mains expertes
De la tambouilleuse aux oeufs frais
Mille regards au monocle
Pour un regard multipolaire
Et tourne le silence
Dans les volants des belles
Dont les froufrous étourdissants
Laissent rêveurs les voyous
Assis derrière le comptoir
Un sourire à la main
Rédigé par : gmc | 07/02/2009 à 19:20
"Girl of the North Country" avec beaucoup de "sol" dedans :
http://www.youtube.com/watch?v=3Qhwemir1Ag
http://www.bobdylan-fr.com/trad/girlofthenorthcountry.html
Rédigé par : Jean-Louis B. | 07/02/2009 à 20:06
Fascinante idée que de se travestir à l'orée de la gloire peut-être pour ne pas se perdre, pour être sûr de se retrouver... Il faut, je crois, avoir vécu pour avoir cette idée singulière. Pour s'être construit tout seul, la valeur de sa vie n'a d'égale que la fougue, la conviction et le courage dont il a fait preuve pour bâtir la sienne.
Peut-être d'ailleurs, n'en connaît-on sa valeur et ses richesses que lorsque, très tôt, elle nous présente son lot de failles, de déchirures et d'apérités ; alors même endurci par cet arsenal et au rythme d'un parcours empirique, on croit percevoir sous la nième strate un scintillement, infime mais d'autant plus lumineux. Il va falloir creuser pour l'approcher, cela va sans dire! Mais dès que le jour se fait, une certitude nous anime : on va tout faire pour la réussir, pas seulement la bataille, sa vie.
Pardonnez-moi, je m'égare. J'arrête!
Rédigé par : Anne Burroni | 07/02/2009 à 23:31
Décidément, je m'égare et je défaille : aspérités. J'aime bien les aspérités, je lui rends donc son S !
Rédigé par : Anne Burroni | 07/02/2009 à 23:38
Ana - Brianne I LOVE them! Thank you so much they are making me tear up. I can't beivele my little baby is turning one and you captured him and us so beautifully. It was a joy to work with you! Thanks again I can't wait for the rest! Oh and I can't pick a favorite! lol Ana
Rédigé par : Utopi | 28/05/2012 à 15:21
Beautiful family! Amazing pherpgtaohor! (From Psalm 139) You wove me in my mother's womb, I will give thanks to You, for I am fearfully wonderfully made; wonderful are Your works How precious also are Your thoughts towards me, Oh God! If I should count them, they would outnumber the sand
Rédigé par : Sem | 30/05/2012 à 04:55
Simply no man or woman may ones own weeping, as well one that is without a doubt South Korean won‘T provide you battle cry.
Tee Shirt Wiz Khalifa Pas Cher http://www.marqeqeque.fr/tee-shirt-homme-col-rond-tee-shirt-wiz-khalifa-c-1063_1095_1117.html
Rédigé par : Tee Shirt Wiz Khalifa Pas Cher | 26/09/2013 à 23:47
Samedi dernier, les troupes de la BSF Nongjuri avant-poste de frontière à East district Khasi Hills ont lancé une opération conjointe avec la police de Meghalaya et saisi 17 bovins valeur d'environ Rs 11,17,300 alors qu'ils étaient passés en contrebande au Bangladesh dans un camion. Ils s'attendent à ce que plusieurs de ces crises dans les prochains jours précédant l'Aïd.
Rédigé par : christian louboutin | 23/11/2013 à 20:46