Malraux, oui mais lequel?

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11/02/2009

Malraux, oui mais lequel?

12 février

LU: "Malraux, itinéraire d'un destin flamboyant" de Jean LACOUTURE, Entretiens avec Karin Müller (André Versaille éditeur).

Malraux, oui mais lequel? Le pilleur de tombes ou le ministre des musées? Le terroriste ou le dandy? L'aventurier ambigû ou l'ami des rois? Je me souviens du jour où il est mort. A la sortie du Lycée Buffon où j'enseignais alors, j'achetais "Le Monde" (daté du 24 novembre 1976), j'y lisais ceci: "Les mouches qu'André Malraux semblait chasser sans cesse des yeux et des mains, les voici donc libres de se poser sur son visage où toute l'angoisse et toute l'intelligence humaines ont fini de tressaillir". L'article était signé Bertrand Poirot-Delpech.

Je n'allais pas pleurer le ministre de De Gaulle - Mai 68 l'avait définitivement rangé parmi les vieilles barbes - mais sa mort nous privait soudain de cette part d'aventure, de féerie, de culot, qu'il avait incarnée dans sa jeunesse et qui, des années plus tard, avait touché la nôtre, comme le rayon d'une étoile morte. J'étais orphelin de "La Voie Royale". Pour ma génération, il avait été longtemps non pas un maître ou un guide mais un tentateur. Une sorte de nouveau Byron en blouson d'aviateur, la mèche en bataille et la clope au bec. Un condottière en songe. C'était lui, alors, notre dernier jeune homme, même si les posters de Jim Morrison et de Che Guevara, excellents dans la brièveté, lui avaient mis un coup de vieux. Au chapitre des oracles qu'il délivrait en clignotant de l'oeil comme une chouette, il était imbattable: "Entre dix-huit et vingt ans, la vie est comme un marché où l'on achète des valeurs, non avec de l'argent mais avec des actes". Rompez!

Parmi les biographies écrites par Jean Lacouture, Malraux est celui qui fait le pont entre les sujets politiques (Ho Chi Minh, De Gaulle, Mendès France, Blum, Mitterrand) et les sujets littéraires (Montaigne, Montesquieu ou Mauriac). Auteur de "Malraux, une vie dans le siècle, 1901-1976" parue en 1996, l'écrivain-journaliste apporte ici de précieuses retouches, des repentirs au sens de la peinture, à son ancien portrait. Il parle de lui comme s'il était de sa famille, avec une distance fraternelle, même s'ils n'ont jamais été "amis".

Comme toujours, le vieux Lacouture est habile, précis, parfois laconique; il a une connaissance de première main de l'homme et de l'oeuvre, il respecte l'écrivain sans s'aveugler sur ses "erreurs" ou ses "petitesses" (qu'il ne va pas jusqu'à dévoiler). Bordelais dans l'âme, "élève" des jésuites, Lacouture n'est pas un briseur d'assiettes: il élude quand il faut, il se tait souvent, par pudeur, par précaution, dès qu'on touche à la vie intime de Malraux. On n'est jamais assez prudent! Ayant un jour évoqué une liaison (supposée) de Montesquieu, Lacouture raconte qu'il reçut un beau jour une lettre navrée de l'un de ses arrière-arrière-arrière petits-neveux. Un autre eut souri, Lacouture en avait été presque gêné.

Les trois hommes que Malraux admirait le plus sont: le colonel Lawrence (l'aventure), Trotsky (la politique) et Gide (le style). Ca résume moins ses ambitions que son rêve - celui d'un enfant triste né dans une épicerie de banlieue. Malraux a passé sa vie à faire des numéros de cirque: et alors? Il y a chez lui une volonté de se hisser, d'aller plus haut; il n'a pas la foi mais il a l'idée du sommet. Une certaine idée de la France, de l'homme, de lui-même: "On peut lui reprocher son comportement vis-à-vis de sa femme Clara - il a envisagé de divorcer pendant l'Occupation, alors qu'il était interdit à tout homme digne de ce nom de se séparer d'une femme juive -, sa lenteur à entrer dans la Résistance ou son ralliement au RPF, il n'empêche: sa vie est marquée du sceau de la grandeur".

"Son vrai maître est peut-être Bossuet", note joliment Lacouture. "Entre ici, Jean Moulin, avec ton terroble cortège...". Qu'importe ses excès, son penchant funèbre, sa grandiloquence. Malraux est un voyant et il a tous les attributs d'un "héros". Lacouture a subi, en 1945, dès sa première rencontre avec l'écrivain, le "choc"mais il sait que cette lueur dévorante, ce feu sacré, qui tremble dans sa prunelle d'enjôleur métaphysique brille mais ne réchauffe pas. Un peu de soleil dans l'eau froide!

A une question de Roger Stéphane: "Qu'est-ce que l'intelligence pour vous?", Malraux avait répondu: "L'intelligence, c'est la destruction de la comédie, plus le jugement, plus l'esprit hypothétique" (1). Malraux décrit là sa forme d'intelligence, note Lacouture. Une alliance entre l'esprit critique, la faculté qui discerne et qui découpe (la "destruction de la comédie") et l'invention, le jaillissement créateur (l'"esprit hypothétique"). Le modèle, pour Malrauix, c'est Stendhal, qui allie la "non-duperie" et "l'acuité", ce qui lui paraît "quelque chose d'à peu près unique dans la littérature française". Bien vu.

Il faut imaginer dans un nuage de fumée la conversation entre Roger Stéphane et Malraux, en uniforme de colonel, ayant ôté sa vareuse et ses bretelles, ce qui le condamne à tenir son pantalon d'une main crispée. Il est minuit, nous sommes en 1945 sur le front de Lorraine, je n'invente rien, c'est Stéphane qui raconte. D'ailleurs, ce n'est pas Stéphane qui interroge l'oracle, c'est Malraux qui somme Stéphane, excellent faire-valoir, de lui citer "trois écrivains remarquables pour leur intelligence". Stéphane hésite, propose: Martin du Gard? Malraux ricane. Camus? Malraux se récrie: "Je vous en prie, nous ne sommes pas au Flore! Et Molière et La Bruyère?" Aragon? "Aragon est intelligent", plaide Stéphane. Et Malraux: "Non, non et non. Aragon est un con". Un con? Un con. Apparemment, ils ne pouvaient pas se blairer. Je crois que, pour Malraux, Aragon abusait un peu de sa sincérité.

J'aime aussi, chez Malraux, ce côté morbide et guignol ("hanté par la mort", dit la critique). Il est sans-merci, stoïque sous son pourpoint, assez chevalier Bayard, affreusement lucide. Il ne sourit jamais. Et si c'était ça, le romantisme? De l'ambition, de la révolte, des orages désirés. Du moins en France. En Allemagne, c'est autre chose: Kleist, Büchner, Lenz, Novalis, ils y croient, eux. Quelque part, c'est plus facile, et la question du style soulève moins d'émoi qu'ici.

J'adore ce mot d'André Malraux à sa femme Clara au moment de leur séparation, fin 1938: "Gardez mon nom si vous le souhaitez: on peut dire que vous ne l'avez pas volé!". On peut le prendre comme on veut mais je ne connais pas d'auteur plus lucide, sous ses pirouettes, à part Stendhal bien sûr. Leur moteur, c'est cette sensibilité rompue au malheur, dès l'enfance. Devant une vérité qui fait mal, ils s'échappent dans des royaumes farfelus, à Parme ou en Cochinchine, rêvent de De Gaulle ou de Napoléon..

(1) Roger Stéphane, "André Malraux. Entretiens et précisions" (Gallimard, 1984).

P.S. Malraux quoi qu'on dise a le génie des titres, comme Sagan: "La Tentation de l'Occident", "La Condition Humaine" (coup de bluff génial), "Le Temps du Mépris", "Antimémoires", "L'Homme précaire et la littérature". Il y a aussi beaucoup de métier dans le génie.

Rédigé à 23:15 dans Livres | Lien permanent

Commentaires

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" Nul ne s'explique par sa propre vie. " André Malraux in " La Condition humaine "

Rédigé par : Christophe Borhen | 12/02/2009 à 00:44

Cher Frédéric Ferney,
Je me permets d'utiliser cette "messagerie" de votre blog (que je consulte régulièrement et à laquelle je participe parfois) pour vous poser une question d'ordre personnel et je vous prie de m'en excuser. En effet, mon premier recueil de nouvelles va paraître dans les prochains jours (après un premier roman et une pièce de théâtre, tous publiés à compte d'éditeur) et mon éditeur (une petite maison indépendante) et moi-même aurions souhaité vous en adresser un exemplaire. En effet, une petite chronique ou critique de votre part permettrait sans doute à ce livre de rencontrer de nombreux lecteurs potentiels. A quelle adresse puis-je vous l'envoyer ? Accepteriez-vous cet envoi ?
Si vous le souhaitez, vous pouvez me contacter à l'adresse électronique suivante :
franck.bellucci(at)wanadoo.fr.
Par avance je vous remercie pour votre soutien et votre accueil.
Cordialement,
Franck Bellucci.

Rédigé par : Franck Bellucci | 12/02/2009 à 06:10

Allez, un peu de mimosa...: vous savez, je ne choisis pas mes pseudos toute seule ! A douze ans on me surnommait Eugénie (si les copains(es)de l'époque se trouvent par là, eux sauront pourquoi et donc me reconnaître... la pâquerette entre les dents, le sourire aux lèvres).
Bonne journée à vous tous (je ne fais que passer)
;o)
Alistrid

Rédigé par : Alistrid | 12/02/2009 à 06:14

De la guerre d'Espagne,à l'engagement dans la lutte antifasciste de l'entre-deux-guerres, pourquoi être allé à De Gaulle?
J'ai traîné la lecture de "La condition humaine" ou de "l'Espoir" mais j'ai lu plusieurs fois son "Goya"(mon préféré), et "Le Miroir des Limbes".
C'est un écrivain qui ne doit plus être très en vogue et sa sortie "des oubliettes" grâce au livre de Michel Cazenave "Malraux le chant du monde" (en 2006) était la bienvenue , celle de Jean Lacouture en est une autre..

Désolée de revenir une fois de plus à Ph. Sollers mais ce témoignage me touche infiniment:

"J'ai une dette de jeunesse et de vie à l'égard d'André Malraux. Brièvement: je ne veux à aucun prix faire la guerre d'Algérie, je croupis dans des hôpitaux militaires de l'est de la France, mon dossier médical, pourtant excellent, n'avance pas, ma réforme traîne, je commence une grève de la faim, je ne parle plus. Malraux, alerté, me fait libérer. Je suis donc renvoyé pour "terrain schizoïde aigu". Je sors de tout passablement titubant, j'écris à Malraux pour le remercier, et il me répond, par retour du courrier, sur une petite carte de deuil :

"C'est moi qui vous remercie, Monsieur, d'avoir eu l'occasion, au moins une fois, de rendre l'univers moins bête".

Rédigé par : Anne B | 12/02/2009 à 08:43

@ Anne B : ne soyez surtout pas désolée de revenir à Sollers, " l'aimé des fées " (Breton).

Rédigé par : Christophe Borhen | 12/02/2009 à 08:55

GRAND HUIT AMERICAIN

Frontière de la limpidité
Les chevaux pâturent
Sous les ruines haletantes
Que le givre cristallise
En rubans de verveine
Aux yeux écarlates
Qu'un carquois écarquille
Sur des paysages rétiniens
Marqués par le fer rouge
De l'absence d'incandescence

Frontière du cristal
Les eaux ne plus qu'un lac
Mare Nostrum pour Carthaginois
Dont le vol qualifié
Se mire sur la surface bleue
Des déserts de coriandre
Aux arômes de cris
Qui pactisent en choeur
De chaînes et d'estrades

Un maelström de mélanomes
Irradie ses poudres et ses fards
Sous lesquels rutile en silence
La plateforme ordinaire
Qui décoche des traits
En forme de sourire

Rédigé par : gmc | 12/02/2009 à 09:18

"ne sont plus qu'un lac", sry

Rédigé par : gmc | 12/02/2009 à 10:17

Merci christophe!

Pardon; j'ai oublié le mot "ça" dans la phrase de Ph.Sollers: "Je sors de tout ça passablement titubant"...

Rédigé par : Anne B | 12/02/2009 à 10:20

Et puis la drogue, le pillage des oeuvres, le trafic, les mensonges sur son CV, oui c'est bien un mélange des genres, souvenir de la condition humaine et puis ce livre sur le musée imaginaire, une belle idée, qui m'a marquée, moi qui prends des photos de toutes les oeuvres que je ne peux m'acheter.
Et puis Malraux, n'est-ce pas celui de la politique culturelle, qui a permis à tant d'enfants de le République de découvrir l'art, la musique, les livres, dans les maisons de la culture, dont il a doté le pays ? Alors merci Monsieur Malraux.

http://anthropia.blogg.org

Rédigé par : Anthropia | 12/02/2009 à 11:04

Il y a eu la peste et le choléra, il y a le réchauffement climatique et l’administration, les ampoules qui sautent et le virus ébola, qui doit bien nous épier de quelque part, ce sournois-là, et tous ces soleils, toutes ces galaxies, tellement innaccessibles, qui doivent bien se marrer des péteux qui s’ennoblissent et des narcisses qui vomissent. Il y a tout cela, et tant d’autres choses encore, mais… il manquait Sollers. Eh oui. L’oubli est réparé. Sainte-Amnésie, priez pour nous, ou au-moins pour moi. Allez mimine, un p’tit effort, laisse-moi oublier. Le virus ébola, ça peut se circonscrire. Et puis, heureusement, il y a tout le reste, tellement, que ça ne se circonscrit pas. Comme la Sensibilité par-exemple, et sa soeur, la Sensualité. Celles qui ne se décident pas, celles qui ne se proclament pas. Parce que ça, c’est comme l’angoisse : ça ne s’invente pas.
Mais je ne suis pas une fée. Cataloguée “sorcière” depuis deux ou trois siècles (je sais, c’est jeune), je suis peut-être mauvais juge. Pt’êt ben. Sainte-Amnésie, priez pour moi.
Quant à Malraux, je n’en connais que le roi. C’est peu dire pour parler. Et puis sollers, c’était hier. Pas grave. Le décalage, ça décale, normal.

Rédigé par : Yasmine | 12/02/2009 à 19:26

Des précisions sur le nouvel atelier d'écriture :
http://magicplum.over-blog.com/

Rédigé par : ororea | 12/02/2009 à 19:44

Bonsoir,

Et bien j'avoue que, après avoir lu la biographie du même par Emmanuel Todd, récemment, je vais peut-être souffler un peu.

Je m'explique. Je crois au contraire qu'il doit être intéressant de lire l'histoire d'un même personnage sous des plumes différentes : cela ne peut que nuancer le propos, permettre de faire la part des choses, etc.
Mais cette biographie écrite par Todd qui, comme on le sait est très méticuleux, tache de ne rien oublier, explore toutes les sources (il avait fait de même pour Camus et cela m'avait enchantée) , cette histoire d'une vie de Malraux donc, m'a un peu chiffonnée, a un peu bousculé la statue du grand homme chez moi, et surtout m'a hantée pendant des jours, après. Je crois qu'il y a des vie qu'on ne devrait pas savoir dans leur intime, leurs misères d'homme. Il faut qu'elles restent héroïques sinon ça gâche tout.

Aujourd'hui, cela devient difficile et de toute façon l'homme héroïque ne fait plus florès, n'est-ce pas?

Rédigé par : Albertinef | 15/02/2009 à 21:19

cher Frédéric Ferney,
Merci beaucoup d'avoir parlé du livre d'entretiens que j'ai fait avec Jean Lacouture. Ce fut un bonheur de côtoyer cet homme de grande culture qui a connu les plus grands du siècle. Les réponses à mes questions fusaient, il était toujours de bonne humeur.
Je viens de terminer un livre d'entretiens sur Sacha Guitry avec Dominique Desanti, autre très grande dame, toujours chez André Versaille éditeur. Un autre grand bonheur...
J'étais une inconditionnelle du Bateau Livre et je crois que nous avons un ami commun, François Marthouret. J'ai écrit pour lui et Madeleine Malraux un récital "EsotErik Satie"...
Peut-être à bientôt le plaisir de faire votre connaissance ?
Karin Müller

Rédigé par : Muller Karin | 19/02/2009 à 18:36

Cher Frédéric Ferney,
Oserai-je vous inviter à la rencontre autour de Malraux : Mythes et Réalités que j'organise dans ma galerie le 1er mars à 15 h ? Jean Lacouture et Olivier Todd parleront de "leur" Malraux, sous le regard attentif de Madeleine Malraux, sa veuve, et de Dominique Desanti qui l'a connu en 1943 et l'a vu quelques jours avant son décès.

Karin Müller

Galerie Gimpel & Müller
12 rue guénégaud
75006 Paris
06 09 68 96 98

Rédigé par : Muller Karin | 19/02/2009 à 18:42

Gfcnter Landsberger sagt:Unvollste4ndiger, einseitiger Rfcckblick ins Negative und Horrorhafte der Kapitel 1 – 11 (in Zitaten und Halbzitaten):1. Kapitel: Horrorgeschichte, Fremdheit, Wahnsinn, Staub der geanzn Welt, Eiseske4lte, dieser traurige Blick, das schwarze Loch, Hf6llenschlund, die dunkle Nacht der Seele, Staubwolke, alles zu Staub2. Kapitel: he4ngte sich an einen Baum, manchmal auch ein Gespenst namens Lilian Serpas, Fieberwahn, Alptraum, die Tre4nen, viele Tote auf dem Tlatelolco, Pedro Garfedas gestorben aus Trauer fcber Spanien und die Welt, plf6tzlich ganz allein, riesige Eisfle4che, Geschrei, Soldaten, Panzer, Grenadiere, mit Gewalt aus dem Hause gezerrte Menschen, mit einem blutgerf6teten Taschentuch vor dem Gesicht, Klosettschfcssel, Lektfcre im freien Fall, Gere4usche von Nagelstiefeln, klirrende Ke4lte3. Kapitel: das letzte Refugium, eine Stille, als ob Zeit in Stfccke zerbrach, die in alle Richtungen auseinanderflogen, die beiden Vereinzelungen, gre4dflich wie der Tod, Statuen, trfcber See, als sei ich tot, meine verlorenen Ze4hne, weil ich kein Geld hatte, zum Zahnarzt zu gehen, Lfccke bis ans Ende meiner Tage, zahnloser Mund, Zahnverfall der Kaiserin Josefina, Verschwf6rerin, halb Sulamith, halb Fledermaus-Albino, Delirium tremens, verwundeter Mund, nacktes Zahnfleisch, als dort im September 1968 die Grenadiere aufmarschierten, „Meine Ze4hne verlor ich auf dem Altar, auf dem Menschen geopfert wurden.“ (S.36)4. Kapitel: riesiger Mfcllhaufen, das letzte Residuum (meiner inneren Freiheit), (nach Mexiko) ausgewandert, eingesperrt (auf der Frauentoilette im vierten Stock der Fakulte4t ffcr Philosophie und Literatur an der UNAM), Herumstreifen, Nachtwind, „seit dem September 1968 allerdings stand ich mit Alptre4umen auf vertrautem Fudf“5. Kapitel: verrfcckt („Ich wurde nur deshalb nicht verrfcckt, weil mir meine gute Laune nicht verloren ging.“ S.42) schaudernder Himmel fcber der Hauptstadt, die Stfcrme Mexikos, Lateinamerikas, Zerrissenheit und Verzweiflung, Wetterleuchten, die erstarrten, die erschreckten Figuren, [ressentimenthaft sich selber meinende Wut:] „der Regisseur“, „ein Typ, der 1968 mein Freund gewesen war und sich inzwischen in einen miesen Theaterregisseur verwandelt hatte, er wudfte das selbst am besten und hatte deshalb eine Wut auf die ganze Welt.“ (S.44), die hinkende Elena, viele Leute in der Universite4t, die wieder mal nicht wissen, wohin mit sich und ihrem Leben, ich verirrte mich, im Labyrinth der Hauptstadt von Mexiko verirrt, die Cafeteria: ein e4rmlicher Ort der Freiheit, Bulimie, Geheimdienstagenten, Geheimpolizei, Spitzel, zur Unzeit, Amerikas Einsamkeit, der schwe4rzesten Nacht entgegen, der stumme Schrei: „ich schrie: Elena!, aber es kam kein Ton von meinen Lippen“ (S.52) Stille und Katastrophe, das doppelte Wesen, „deren Boten die unerhf6rten Gere4usche sind“ (S.54) „Elena hinkte mehr als sonst.“6. Kapitel: drei oder vier oder gar ffcnf apokalyptische Reiter in der Nachfolge Nerudas, alle Denkme4ler zerschlagen, die Irre, dieses Gespenst aus der Hf6lle des Frauenklos, „immer kurz davor zu verlf6schen, wie so vieles in Lateinamerika, das verlf6scht“ (S.59), einsam vor mich hin schluchzend, die Schlinge, Krater, in denen ich herumirrte, Trfcmmerlandschaft, „bis mit einem Mal die ne4chtliche Sonne erlosch“ (S.61), „merkte, dadf mein Verfolger meinen Tod begehrte, oder“ ( ), die mir verhadfte Wirklichkeit, „So ist sie, die Geschichte – eine Horrorstory.“ (S.62), Messer, urbane Katastrophe, Alptraum, „noch so ein immer wiederkehrender, tf6dlich lateinamerikanischer Schrecken“ , „Zusammenfassung aller Schreckensstradfen meines Lebens“, Tod, Verhe4ngnis, tiefe Einsamkeit, Schizophrenie, Schlachthaus, der Schatten des Todes, eine lange, entsetzlich lange Reise, die Ur-Reise aller armen Lateinamerikaner, wahnwitziger Kontinent, Tre4nen, ich se4he ihn vielleicht hier zum letzten Mal7.Kapitel: Allende gefallen, Putsch in Chile, Tre4nen, Tal des Verderbens, Tal des Todes, das grodfe Waisenhaus der U-Bahn, „eine Generation, die direkt aus der klaffenden Wunde der Plaza de Tlateloclo kam“ (S.71) die Kinder der Kloaken, Ernestos Hinfe4lligkeit und Melancholie, Arturo, allein an einem Tisch mit seinen De4monen, „als ob sich am Grunde des Glases ein Schiffbruch von homerischen Ausmadfen ereignet he4tte“ (S.74), eine schreckliche Geschichte fcber den Kf6nig der Stricher im Stadtteil Guerrero, Kf6rper gekauft, Blumenkriege, me4chtiger Nachtwind, Friedhof im Jahre 2666, hinter einem toten oder ungeborenen Augenlid alles vergessen (S.78)8.Kapitel: ein Fludf der Verdammnis in jeder Beziehung, Leichen, schwarze Automobile, der Fludf, der durch die Hf6lle fliedft, kreisrund, Sklavenschwuchtel, „diese Nacht, in der nichts geschah, aber alles he4tte passieren kf6nnen“ (S.89), mitten in der Wfcste von Guerrero, „sein Alptraum, soviel kann ich sagen, nahm ein gutes Ende“ (S.90)9.Kapitel: „glaube, dadf Horrorfilme ffcr mich einfach nicht das Wahre sind“ (S.92), Spanischer Bfcrgerkrieg, der Aufstieg des Teufels, ein Feuermal, „Mann aus Eis“, Schneesturm, Tre4nen10. Kapitel: zu gleicher Zeit der Erleuchtung und dem Wahnsinn verfallen (S.107), wie der Schatten eines dem Untergang geweihten Schiffs mich auf das langerwartete Jahr zu bewegend, das ich nie erleben werde (S.111)11. Kapitel: Nacht, Mysterium, der Wind der Hauptstadt, ein schwarzer, lf6chriger, geometrischer Wind, stockdunkle Wohnung, Schlachtfeld, Niederlage, Armut, Abgrfcndiges, die Tiefen eines atlantischen Grabens, Chaos, schwarzes Loch, dieser letzte Zufluchtsort, infernalischer Sprf6dfling, „vergidf dieses untote Haus, das auf Antimaterie gebaut ist, wie einem lateinamerikanischen oder mexikanischen schwarzen Loch entstiegen, das auf Fundamenten ruht, die einst den Weg ins Leben ebnen sollten, aber statt dessen in die umgekehrte Richtung geffchrt haben“ (S.121), Ende der Schonzeit, Hekatombe, Schlachtopfer, Orest, der Verlorene, Wahnsinn des neuen Kf6nigs, Erigone schreckensstarr, Todesurteil, Angst, umherirren, Reise in die Nacht.

Rédigé par : Suellen | 27/05/2012 à 18:32

Andreas Gierth sagt:Das Tal im Erdbeben in Chili ist doch ziemlich enideutig eine Anspielung auf das Paradies. In ihm steht z. B. ein Granatapfelbaum. Jeronimo und Josephe verlassen mit ihrem Sohn Philipp dieses Tal. Sie fallen sozusagen letztendlich nicht wieder zurfcck in den Stand der Unschuld (Kleist). (Sie essen fcbrigens auch keinen Grnatapfel.) Ffcr Jeronimo und Josephe gibt es dieses letzte Kapitel von der Geschichte der Welt (Kleist) nicht. Ihre Geschichte setzt sich fort, indem es letztendlich doch zu ihrer Hinrichtung kommt. Ffcr diese beiden ist das mit dem Ende der Geschichte, das Anhalten der Zeit gescheitert.Von dem Tal in Amuleto wird doch gesagt, es sei vielleicht ( ) auch das Tal des Todes, denn der Tod ist Stab und Stecken Lateinamerikas, und ohne das kann Lateinamerika nicht wandeln. (S. 69) Das erinnert mich an den Schatten, der es auf (Auxilios) Tod abgesehen hatte (S. 62 f.) und an die Rede vom immer wiederkehren(n), tf6dlich lateinamerikanische(n) Schrecken (S. 62). (Es gibt sozusagen zwei Schrecken: Die Gefahr des Todes und das fehlende Messer, wenn sie einem begegnet. Vom Messer ist nach Seite 62 wieder auf Seite 87 die Rede!)Was ich eigentlich sagen will: Das Tal in Amuleto erinnert mich nicht an das Paradies bei Kleist. Wenn, dann nur in der Funktion. Auch, spekuliere ich, im Tal bei Bolano wird das letzte Kapitel der Geschichte der Welt geschrieben . Aber es geht um den Tod, nicht um das Wiedergewinnen der Unschuld. Da hast du mich, lieber Gfcnter, auf eine Idee gebracht, die ich hier nicht weiter ausffchren kann.

Rédigé par : Eka | 28/05/2012 à 12:36

I bought a set ofE3 plugs for my 2004 Dodge Ram on April 16 ..I ntiecod no improvement or increased fuel mileage. On May 13 I started to get a vibration that turned into misfire, the truck had no power I called in for warranty on my truck because I did not think that the plugs had failed. I get a call from the garage and they tell me that code is cylinder 5 misfire. They switched coils same thing they switched injectors same thiing Then they switched the plugs a nd the misfire went to another cylinder..Had to replace plugs. Now a $50.00 plug change just tuned into a $377.49 bill. Ican't see why I have to flip this bill ..DON'T WASTE MONEY ON THE E3 PLUGS

Rédigé par : Mary | 30/05/2012 à 04:54

I have the E3s on my 96 sentra for about 5 mthnos now and not one hikup, also I installed a set in my 93 camry wagon I4 around the same time and shortly after it seems to keep pushing the no.2 cylinder boot up. I thout maybe the gasket was bad so I replaced the whole set of gaskets of the valve cover.A couple if fays later my wife is telling me the car is lacking power again, so I lift the hood and what do ypu noe, the plug is pushed up again, I check to make sure the tip of the plug is tight and that the plug is seated properly and al checks out , so needless to say, im stumped, maybe its plug ..

Rédigé par : Albornoz | 30/05/2012 à 05:15

I put a set of four E3.48 spark plugs in my 2007 Honda CR-V about 20K miles ago. Yesterday the car began misfiring, runinng very rough, the Check Engine' light began blinking and the VSA light came on. I removed all four E3 plugs and returned the original NGK iridium plugs. All the symptoms went away though the Check Engine' light is still on. I use E3 plugs in all my small engines mower, snow blower, outboard, etc and have not had a problem but none of these devices are run as much as the car is.

Rédigé par : Skrilah | 30/05/2012 à 07:21

Dietmar Hillebrandt sagt:Fast jeden Satz Bolaf1os kann jeder Leser auch als einen unterschwelligen Verweis auf die Literatur lesen, die Bolaf1o oder der Leser seblst gelesen hat. Ich frage mich allerdings auch, ob diese Referenzen nur ihr Gutes haben? Jeder Schriftsteller ist ein Leser, aber besteht seine Kunst darin, Gelesenes neu zu verarbeiten oder ganz neu zu schreiben? Ich schmunzele, Bolaf1o kann beides!

Rédigé par : Angelika | 30/05/2012 à 07:38

Authentic solidarity foresees the requirements of alternative besides exalt it is always own individual.
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Rédigé par : Tee Shirt Louis Vuitton Pas Cher | 09/09/2013 à 03:11

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Rédigé par : kcvoywxfy | 09/09/2013 à 03:17

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Rédigé par : mEYMsFVa | 09/09/2013 à 03:42

Rédigé par : http://www.samflaxorlando.com/component/k2/item/79-children-0-3-years/79-children-0-3-years | 09/09/2013 à 04:18

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- Le Bateau Livre. Le blog de Frédéric Ferney.
And I do have a couple of questions for you if you don't
mind. Is it simply me or does it seem like a few of the responses appear like they are coming from brain dead visitors?
:-P And, if you are writing on other social sites, I'd like to follow everything new you have
to post. Could you list of every one of all your communal sites like your twitter
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Rédigé par : todocarolynmurphycomes | 26/10/2013 à 05:00