3 février
LU: "Saules aveugles, femme endormie" d'Haruki MURAKAMI, traduit du japonais par Hélène MORITA (Belfond).
C'est un recueil de nouvelles, 23 si j'ai bien compté - avec Murakami, le mot recueil prend tout son sens spirituel , intense, tacite, de repli sur la vie intérieure. Certaines datent de plus de vingt ans, la plupart sont parues dans des revues américaines: le New Yorker, Harper's, McSweeny's. Chez Murakami, le temps est un petit dieu qui dort, et le monde est son rêve. Un monde à la sensualité troublante, insolite, où les corps flottent comme des algues. On s'y enfonce, on s'y noie. Tout est fatidique, élémentaire, spectral. On se frotte les yeux, trop tard, le marchand de sable est passé.
Murakami déduit par un fil de soie ce que chaque instant contient de plus doux, même le plus morbide, même le plus tragique, la mort d'un fils par exemple. On a parlé parfois d'une "écriture hypnotique" à son sujet: on résiste d'abord, et puis on s'abandonne, même si nos craintes ne vont pas fondre. Pour comprendre un écrivain, il faut savoir ce qu'il a d'extrême, de non-négociable: chez Murakami, c'est la suavité. Il sème la terreur avec ça.
Murakami a l'art d'abolir les frontières entre les sexes, entre les espèces, entre les époques: on circule librement dans l'étrangeté, à la limite du surréalisme. A la limite seulement: il ne va pas vous peindre des cornes à la place des yeux; je crois Murakami bien trop rêveur pour sombrer dans l'onirisme. Tout est relié, les astres, les créatures, les dieux, comme dans le bouddhisme. Avec une voie ferrée, un vieillard, une jeune fille, il fabrique des saisons, des heures, des destins. Ses personnages sont des silences oubliés, moins des créatures que des atomes qui se croisent ou se heurtent, en pure perte, comme chez Lucrèce.
On pense parfois à un Maupassant avec une fleur de cerisier à la bouche ou au Henry James du "Tour d'écrou" pour la densité de l'inquiétude. Il aime les chats, il en met partout comme des miroirs; il aime le blanc, qui est la couleur du deuil, il en met partout aussi; il aime le vide. Là où on ne voit rien, il décèle un présage , une ride sur l'eau, un nuage dans le ciel - il a traduit Raymond Carver et Scott Fitzgerald en japonais, ce n'est pas étonnant. Il ressent, il pressent, sans jamais s'émouvoir.
Il ne dessine pas, il peint, au lavis. Il soigne un détail, il laisse le reste dans le flou, il détecte l'impalpable péril dans la fêlure d'un compotier ou dans une aile de papillon. C'est une technique très particulière, quand on est accoutumé aux crayons noirs du roman contemporain. Pas de morale, pas de chute, pas de leçon. On est dans l'implicite, dans le latent, dans le songe. Une fois passé le pont, les fantômes viennent à vous. Brrr!
Merci pour cette note ! Après avoir lu "Kafka sur le rivage" et "Le passage de la nuit" (une merveille !)du même auteur, je vais sans nul doute adorer ce recueil de nouvelles.
Heureuse de vous retrouver ici. Votre émission sur la 5 me manque beaucoup.
Rédigé par : Miss Pompadour | 03/02/2009 à 07:26
Le Kafka sur la plage était désorientant, la sensation d'errer avec les âmes tristes. Expérience à nulle autre pareille, sauf qu'on se demande si on sait le lire avec les bonnes lunettes, si on est assez Japonais ou poète ou surréaliste pour le lire.
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Rédigé par : Anthropia | 03/02/2009 à 08:30
"Pas de morale, pas de chute, pas de leçon", mais plutôt un avertissement, une interpellation.Murakami a la faculté de lier l'impossible au monde quotidien, (ses personnages sont parfaitement ordinaires), il se sert de l'énigme pour nous renvoyer à toutes nos apories, les êtres qui errent dans le temps de l'improbable sont des roseaux qui se couchent dans le vent de sa poésie, de son imagination, complices,ils nous font partager nos angoisses futures peuplées de spectres qui gomment le temps.
J'ai beaucoup lu Murakami dans beaucoup d'endroits , dans des lieux insolites, le bruit, la cohue, le délire, mais dès le premier plongeon dans son écriture, terminée la fureur imbécile...
Ses livres sont de grands tableaux peints,sous l'effet hallucinatoire de la musique, ils sont la recherche du sens perdu.
Merci de réveiller les fantômes, Frédéric !
Rédigé par : Anne B | 03/02/2009 à 08:41
PARALLAXES
Des doigts peignent des cygnes
Longue chevelure noire
Brillant au clair d'un jour
Reposant sous la nuit
Les saules pleurent des signes
Longue écriture noire
Luisant au clair d'un jour
Trépidant sur la nuit
Une femme endormie sur ses lauriers
Veille sur les cerisiers blancs
Rédigé par : gmc | 03/02/2009 à 08:54
Quel beau texte! Murakami, je l'inscris pour mon prochain passage en librairie.
Rédigé par : Tania | 03/02/2009 à 14:34
Murakami à deux voix au jardin des plantes, un jour de pluie, sur les genoux d'un amant délirant.
(Kafka sur le rivage, sublime)
Rédigé par : Machinechose | 03/02/2009 à 15:55
gmc écrit
mais c'est pas un haiku
pour Murakami
Rédigé par : mme petit poisson | 03/02/2009 à 20:18
ça ne veut plus dire grand-chose, le haïku, mme petit poisson.
Un saule pleureur
Le geai chante son histoire
La neige en sourit
Rédigé par : gmc | 03/02/2009 à 20:52
Le plus célèbre des haïku :
Un vieil étang
Une grenouille saute
Le bruit de l'eau
Furuike ya
Kawazu tobikomu
Mizu no oto
Matsuo Bashô
Rédigé par : Anne B | 03/02/2009 à 21:47
Le plus célèbre des haïku :
Un vieil étang
Une grenouille saute
Le bruit de l'eau
Furuike ya
Kawazu tobikomu
Mizu no oto
Matsuo Bashô
Rédigé par : Anne B | 03/02/2009 à 21:49
c'est vrai, on aurait pu écrire comme cela:
Un saule pleureur
Le geai chante son histoire
Le sourire de la neige
mais tout ça ne vaut pas un clair de lune à maubeuge, bien sûr, surtout en français ^^
Rédigé par : gmc | 03/02/2009 à 21:55
Plus j'avance dans les lectures d'Haruki Murakami et plus je pense à Julio Cortazar !
Rédigé par : Miss Pompadour | 05/02/2009 à 18:43
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