4 mars
A propos de: "L'Ordinaire" de Michel VINAVER qui vient d'entrer au répertoire de la Comédie-Française.
Je le dis d'emblée de crainte d'oublier ensuite: Michel Vinaver est le plus grand dramaturge français vivant. Sa langue est enchantée, joueuse, pas du tout nostalgique, hyper-contemporaine; c'est du velours sombre mais la moire est burlesque. Je rêve d'un dîner qui ne pourrait avoir lieu qu'aux Enfers où le poète Sponde, si syntaxique, si spirituel, et Ponge, un autre baroque, seraient ses convives.
Je crois Céline et Genet précieux; Sponde, Ponge et Vinaver sont baroques!
Non, je ne suis pas fou, ni sage d'ailleurs, mais je dis que Vinaver est un poète baroque sous son exactitude de reporter minimaliste, comme le marrane est juif sous son baptême. Ses pièces sont des blasons humains, risibles, documentaires, des divers stades du capitalisme et des métamorphoses de la mondialisation.
Sa langue paraît simple, réaliste: c'est un piège. Vous allez me dire: toute langue est un piège, le mot chien n'est pas un chien. Disons alors: une invention, une figuration. Tout semble parlé, insignifiant, réel. Au contraire, tout est écrit, médité, métaphorique. C'est une musique. Toute musique, même un requiem, doit être joyeuse. C'est tout le talent de Vinaver: il puise aux plus bas étages de l'abandon et de l'oubli, et jusque dans la satire, une joie, une légèreté, qui ne sont qu'à lui. Il est toujours du côté de la vie. Un optimiste? Non, il ne faut tout de même pas exagérer.
Il y a dans l'écriture de Vinaver une restitution du langage quotidien. Evidemment, personne dans la vie ne parle ainsi, ni les huissiers, ni les guérilleros, ni les grands patrons d'industrie qu'il met en scène (et Vinaver en a été un)! On est toujours à la lisière du pastiche, voire de la parodie. Il a traduit Shakespeare et Sophocle, il en subit l'empreinte tragique, il en conserve les mimiques.
Vinaver est aussi un des rares auteurs contemporains qui sache faire rire: il y a, chez lui, une poésie, un lyrisme, une folie du stéréotype, comme chez Labiche. Quelque chose de tendre et d'ironique court sous la banalité des dialogues. Un exemple? Les personnages de "L'Ordinaire" sont des hommes d'affaires américains: il faut donc qu'ils parlent notre langue, comme des Français, sans accent, tout en restant ce qu'ils sont: des Américains. Ca commence comme ça: "Tout est fini, Jack. C'est la fin de notre histoire". On se croirait dans un sit-com de la chaîne NBC. Non, nous sommes au théâtre.
Ce n'est pas le seul défi relevé par l'auteur dans "L'Ordinaire". Nous voyageons dans un jet privé qui va bientôt se crasher au-dessus de la Cordillière des Andes. A bord, le pdg d'une multinationale accompagné de son épouse et de son état-major. Après l'accident, les huit rescapés devront lutter contre la faim, le froid; ils ne pourront survivre qu'en mangeant de la chair humaine - celle de leurs compagnons morts.
"Le théâtre, c'est gros, il n'y a rien à faire", lui disait jadis Planchon, créateur de la pièce "Les Coréens" en 1952, en prêchant un peu pro domo. Ca appelle l'outrance, le mélo, le grand-guignol. Sans doute. Néammoins Vinaver résiste à cette pente-là: il refuse de souligner les effets, de creuser les reliefs, d'enfoncer le clou. Ce n'est pas un auteur à thèses, même si c'est un auteur éminemment politique. Il reste dans l'imperceptible, dans l'indéterminé; il s'épanouit dans l'infime. Le théâtre veut des "machines". Vinaver lui offre des "paysages".
On entend souvent la radio par bribes dans les pièces de Vinaver, comme un écho fragmenté et burlesque du présent fardé en actualité, en histoire immédiate, et qui devient geste, chanson, mythologie, sur la scène. Mai 1968, la Guerre d'Algérie, le retour de De Gaulle en 58. C'est le grand chroniqueur d'un petit pays: la France, qui ne cesse de vouloir se comparer à l'Amérique.
Cher Frédéric, pour la première fois un désaccord. Je n'en reviens toujours pas. Depuis des années je mets mes pas dans les vôtres et vous suis aveuglément quelque escarpé ou obscur que fût le sentier. Et là, non ! Je m'arrête et m'insurge : je ne suis pas d'accord, Vinaver n'est pas le plus dramaturge français vivant !
Rédigé par : hysope | 04/03/2009 à 08:08
Chère Hysope,
Vinaver n'est pas le plus grand dramaturge français? Alors, disons que c'est celui que je préfère. A qui d'autre songez-vous?
F.F.
Rédigé par : Frederic ferney | 04/03/2009 à 08:50
J'ai acheté mon billet j'y vais dans une semaine, voir l'Ordinaire.
J'ai envie d'entendre ce qu'il dit du pouvoir.
http://anthropia.blogg.org
Rédigé par : Anthropia | 04/03/2009 à 09:39
A propos un autre grand auteur, c'est Philippe Minana, dans le genre plus sobre, sauf quand Cantarella le met en scène.
http://anthropia.blogg.org
Rédigé par : Anthropia | 04/03/2009 à 09:52
J'espère qu'il va bien s'amuser à l'académie française ?
Rédigé par : Anne B | 04/03/2009 à 17:35
Je reviens un peu sur hier, parce ça m’a laissé un curieux goût. Il y a quand même quelque chose de dérangeant dans cette quête du “bien absolu”, cette présentation de la Lecture comme ultime solution, vérité indiscutable, à étendre à tout un chacun comme seul accès à un “supplément d’âme”.
D’autres discours, et non des moindres, affichaient cette loi d’airain, cet irrespect total de l’autre et de son libre choix. Ca ressemble fâcheusement au chemin de l’Enfer pavé de bonnes intentions et à ses redoutables conséquences. C’est pratique quand même, bien sûr, ça permet de discourir, voire même de pérorer, glousser et autres péjoratifs, ça fait du bien à nos narcissismes et ça met du baume à nos coeurs, et par “les temps qui courent” mais c’est une autre histoire.
Qui sommes-nous donc pour prétendre détenir la solution et prétendre la diffuser absolument et en gaver l’autre comme on gave une oie ?
Pardon, mais ça ressemble à une branlette. Distinguée, certes, mais branlette quand même. Un peu d’humilité, c’est pas mal non plus comme supplément d’âme
Rédigé par : Yasmine | 04/03/2009 à 18:48
Pardon Comédie Française !
Rédigé par : Anne B | 10/03/2009 à 07:26
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