7 mars
Aimez-vous Warhol? Je sais, ce n'est pas du tout la bonne question. Pas plus que de savoir si Andy Warhol était un abruti décadent ou un génie, un artiste total comme Léonard de Vinci, le plus grand coloriste depuis Matisse, why not, ou un farceur. Dans la pathologie du rêve américain, il est le vampire - ses amis l'appelaient "Drella", entre Dracula et Cinderella (Cendrillon); il n'est pas le docteur, il est le gène ou le virus. Plus Hyde que Jekyll, snob comme un coiffeur, un peu alien, même s'il s'agenouille devant le Pape (avec sa perruque blanche et son teint blafard) et va à la messe chaque dimanche. (Et oui, Warhol était catholique orthodoxe de rite uniate, donc papiste. Comme ce coquin de Sollers!)
Aimez-vous Warhol? Autant se demander si nous aimons le monde où nous vivons. Non? Tant pis pour nous. C'est comme le TGV, le four à micro-ondes ou le réchauffement de la planète: c'est là, c'est réel. On s'est tellement warholisé qu'on oublie ce qu'il a prédit, mimé, annoncé, répété, broadcasté à cors et à cris et que ce cocktail roublard d'ironie et de noirceur, ce fantasme dûment tarifé, est devenu notre ordinaire. Que ce monde est dur! Warhol ne dit que ça.
On va pouvoir le vérifier: le Grand Palais à Paris exposera prochainement 250 portraits d'Andy WARHOL (1). Le risque, c'est d'être déçu: encore une fois, on a tellement imité et copié Warhol (lui-même ne s'en est pas privé, jusqu'à la parodie) qu'il en paraît d'autant moins original. D'ailleurs, quelle différence entre la copie (le faux) et l'original. "Si quelqu'un contrefaisait mes oeuvres, avouait-il, je serais incapable de m'en rendre compte". C'est bien fait!
Ce qu'il a compris? Tout. Je résume. Le monde se réduit à une économie toute-puissante devenue folle; les musées sont devenus des supermarchés; la gloire (éternelle) est remplacée par le glamour et le people (instantané, éphémère). "Star", c'est "rats" à l'envers; l'art est contaminé par la mode et la publicité; le capitalisme fabriques des icônes et des déchets, des déchets avec des icônes et des icônes avec des déchets; le durable est devenu jetable mais tout se recycle, etc. On le voit, Warhol est le meilleur sociologue posthume de notre époque. Il n'en fait pas métier lui qui fait métier de tout, c'est juste qu'il farde son gouffre en miroir. Bien joué! Duchamp était sans doute plus intelligent mais il était moins malin: l'élève a dépassé le maître. En Amérique, c'est possible. Ca vous rend bankable.
Le pape du pop était-il popiste ou papiste? Voilà une bonne question. Après la visite du pape Paul VI à New York, en 1965, Warhol dit: "J'ai pris une vraie leçon de show-business et de style pop. A peine commencez-vous à vous croire célèbre que quelqu'un arrive et vous montre à quel point vous n'êtes qu'un amateur". Warhol recevra la bénédiction de Jean-Paul II, à Rome, en 1980. Ca ne l'empêche pas de penser que "le vide est en train de s'emparer de la planète" ("Journal", 9 août 1984).
"J'aimerais avoir une tombe sans rien dessus. Pas d'épitaphe. Pas de nom. J'aimerais en fait qu'on écrive dessus: produit" ("America", 1985). Là, il s'est trompé, son nom reste, lui qui prétendait vouloir l'effacer. Un mausolée Warhol? A cette question d'un journaliste de la revue Splash, il répond: "Non, je pense que le mieux est d'être désintégré par un pistolet au laser. Sans fumée ni rien, sauf quelques petites étoiles qui s'évanouissent..."
Il est notre principal antidote à la nostalgie, il a la chose en horreur - pour lui, c'est la mémoire en pire, un enfoncement dans l'irréversible. Son culte du présent lui permet d'abolir l'irréversible sans être dupe de l'issue finale, qui nous rend tous enfin égaux. Je vous livre l'un de mes petits secrets: lisez Bossuet et Warhol en même temps. Ce sont deux moralistes funèbres et lumineux. Vous serez surpris de voir comment ils se renvoient la balle, le premier, professeur de néant, et le second, artiste du vide, c'est d'un drôle. Pourquoi on ne nous dit pas ça, à l'école? Ces deux-là qui s'accordent sur la vanité, on dit aujourd'hui: la nullité, des choses, ont décidé une fois pour toutes de dire la vérité et, c'est complètement fou, ils la disent.
Enfin, une confidence: je crois qu'Andy Warhol est un clone de Gertrude Stein, mais chut! personne ne lit ses livres (2). On a tort. C'est Guy Debord qui, le premier, a commémoré Warhol dans la langue de la métaphysique, comme aujourd'hui Cécile Guilbert (3). Warhol ignore l'histoire, il ne connaît que l'abîme du temps. Aujourd'hui, il aurait quatre-vingt-un ans. Warhol, un vieillard, c'est impossible!
(1) "Le grand monde d'Andy Warhol" (ils ne se sont pas trop cassé la nénette, pour le titre). Galeries Nationales du Grand Palais, du 18 mars au 30 juillet. Vous avez le temps!
(2) On peut lire: "Ma Philosophie de A à B et vice-versa" (Flammarion, 1977, 1987), assez délirant, le "Journal" (Grasset, 1990) que je trouve passionnant, et enfin les "Entretiens, 1962-1987" (Grasset, 2005).
(3) Son "Warhol Spirit" (Grasset, 2008) est un bijou d'exactitude, un objet de charme et de rêverie, presque un bréviaire si l'on est fanatique.
Bonjour,
Commencer un samedi matin avec Warhol : une vraie gourmandise. Merci.
Courrons vite voir l'expo : non, nous ne serons pas déçus. Des Warhol en chair et en os si je peux m'exprimer ainsi, cela vous coupe le souffle.
Justement, c'est cela le miracle, on a beau avoir vu tout ça à satiété et mangé à toutes les sauces, quand enfin on voit l'oeuvre grandeur nature, couleurs nature,l'émotion esthétique est telle qu'on en est médusé, "scotché" pour un bon moment.
C'est drôle parce que tout part de Duchamp en effet, mais on reste de marbre devant son urinoire et consor, alors qu'on pleure à l'envi devant certaines oeuvres contemporaines directement inspirées de ce courant.
star=rats art=rat? non, ça le fait pas, comme on dit maintenant.
Merci pour cet article sur Warhol et les promesses de bonnes lectures qu'il contient.
Albertine
Rédigé par : Albertine | 07/03/2009 à 08:30
Le titre des Galeries Nationales du Grand Palais en effet n'est pas à la hauteur du grand Warhol !
Cher Frédéric, j'espère vous faire plaisir, en vous disant que j'ai lu les quelques livres que vous citez en fin de texte.L'artiste de la multiplication, de la répétition, maître véritable de la série mécanique, mérite une autre lecture que celle de la "Société du spectacle".
Son journal est "passionnant et le livre de Cécile Guilbert a de quoi dérouter les historiens d'art (parfois un peu ringards). Le portrait est fidèle, tout est "Warholien" dans son ouvrage, le graphisme, la couleur, les paradoxes, l'humour, l'audace, le style et l'intelligence.
Le Warhol papiste me fait penser à l'un de ses derniers grands tableaux, présenté à Milan, un an avant sa mort (il me semble), The Last Supper, la cène de Léonard de Vinci réinterprétée avec une colombe un peu spéciale (ça vaut le "coup d'oeil").
"Quand un miroir se regarde dans la glace, qu'est-ce qu'il y a à voir ?"
"Et quand une montagne de dollars contemple une autre montagne de dollars ?"
On peut méditer avec Warhol et même rêver...
P.S Une petite déception, l'exposition qui se tenait à Londres en novembre dernier, trop de vidéos (à mon goût).
Rédigé par : Anne B | 07/03/2009 à 09:44
Pensez-vous vraiment que ce soit la société de masse qui porte au pinacle les abrutis décadents?
Il semble qu'elle révère d'avantage les crétins en bonne santé. Les phénomènes du type Duchamp-Warhol auraient donc plutôt révélé l'inconsistance du critique, de l'"homme de goût", qui bizarrement, continue d'exister alors que l'art n'existe plus (celui du passé comme celui du présent).
C'est ça qui est le plus étrange. Bien plus que les oeuvres en elles-mêmes (pas besoin d'aller les voir, en fait).
Rédigé par : HP | 07/03/2009 à 09:45
HP, l'Art EST et sera toujours pour celui qui sait voir, regarder, sentir, pas des images, non, non, des oeuvres, du vrai, du concret, du palpable, du senti.
Pour moi, l'Art c'est vivre, mais il est vrai que savoir Vivre est un combat de tous les instants...
Rédigé par : Anne B | 07/03/2009 à 09:53
Qui n'a sa photo wharolisé à la Marylin ?, comme on dit vérolée, car c'est un travail de sape souterrain, cette wharolisation du monde, il s'est lui-même vidé de tout contenu pour perdurer. Etrange pérennité du rien.
Et pour le vide, aller au Centre Pompidou voir l'expo.
http://anthropia.blogg.org
Rédigé par : Anthropia | 07/03/2009 à 10:37
Celui qui déteste les images déteste au fond le langage et l'intelligence humaine. Si nous voulons du "senti", du "concret", du béton ontologique alors l'art est la dernière chose dont nous ayons besoin. La vie est kitsch! Vive la vie! Promenons nous dans les bois, ramassons des plumes de paon et des champignons rouges et bleus, courons tout nus sur la plage avec des chevaux sauvages dans l'aube rose et les paillettes du paradis terrestre retrouvé dont nous consommerons les bananes défendues bouche à bouche avec Marylin Monroe.
Rédigé par : HP | 07/03/2009 à 11:10
Rien à voir avec Warhol... Quoique.
J'apprends avec une émotion toute particulière, que vous allez participer à la nouvelle émission littéraire du net d'@si, avec notre chère Judith Bernard et le non moins intéressant Noleau qui me semble toujours en-dessous de tout dans son rôle de " sniper ".
j'aimerais simplement vous dire, Frédéric que pour moi, c'est un bonheur de vous retrouver enfin, non pas que votre image me manque, mais c'est votre voix, votre diction, votre respect, vos mots et vos silences qui me faisaient un bien fou le dimanche matin... J'entrais ainsi dans une disposition légère et agréable, avec l'envie irrépressible d'aller acheter au moins un livre !
Retrouver cette émotion et cette envie dès mardi soir, me ravit et je tiens dores et déjà à vous remercier de votre choix...
Rédigé par : Many Airs | 07/03/2009 à 11:28
Warhol for ever !
Warhol for ever !
Warhol for ever !
Warhol for ever !
Warhol for ever !
Warhol for ever !
Rédigé par : Christophe Borhen | 07/03/2009 à 11:49
la voix oui c'est vrai mais pourquoi simplement la voix? Parce qu'il a dit qu'il en avait marre que les gens le regarde? Ben moi désolée j'aime aussi son fou rire, ses yeux pétillants, sa mâchoire carrée d'acteur américain genre superhéros, sa carrure de tennisman, ses chemises entrouvertes avec les manches toutes bien repliées que j'aimerais le voir faire (sauf les noires, je trouve ça triste), en un mot sa classe.
Rédigé par : ororea | 07/03/2009 à 15:49
Un extrait de la nouvelle émission : c'est Judith la chef. Ils sont tous en noir. Dans cet extrait FF ne s'exprime pas beaucoup :
http://www.dailymotion.com/video/kV480fMbK2S8Y1Yqsm
Rédigé par : ororea | 07/03/2009 à 18:15
Bienvenue au pays, les monstres...
Rédigé par : Mulder | 07/03/2009 à 18:57
ps : Si vous ne pouvez pas lire la vidéo, vous pouvez vous abonner ici :
http://www.arretsurimages.net/abonnements.php
Rédigé par : ororea | 07/03/2009 à 18:58
pour les lecteurs qui auraient envie de creuser le sujet de l'art contemporain sous un aspect critique et philosophique, la rubrique art plateforme d echange sur erederien.blogspot.com, essaie d'opposer 2 conceptions de l'art, la première représentée par Warhol est conservatrice et élitiste ( les nouvelles élites envahissant la culture via l'iconologie pop), la seconde est humaniste et représentée par Bacon. Avec le retournement de veste général dû à "LA CRISE", il est possible de redevenir critique et même conseillé, mais quelle étrange pratique qui consiste à passer de l'adoration à l'autodafé, aurait-elle le mérite de maintenir la société dans l'ignorance et d'éviter de se poser des questions de fond, de renouveler les contenus, donc les produits, donc les bénéfices des intervenants du marché culturel.
Primo Lévi expliquait que le capitalisme avait à travers la marionnette Hitler, réussi à globaliser les bénéfices, allant jusqu'à rentabiliser la cendre humaine. Alors Out of the Body et Out of the Soul
GODMICKEY
Rédigé par : GODMICKEY | 09/03/2009 à 10:03
De Louise Bourgeois à Annette Messager en passant par Warhol.
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Dernièrement - dieu sait pourquoi -, j’ai pensé à Louise Bourgeois et à son araignée intitulée "Maman" ; sculpture qui, à mes yeux, n'a qu’un seul mérite : celui d’être monumentale (ce qui n'est pas une qualité en soi, bien évidemment) car, pour le reste…
J’ai pensé aussi à son expo, celle de Beaubourg, en mars dernier ; expo qui peut se résumer à une vidéo bavarde et complaisante diffusée sur un écran devant lequel des fauteuils confortables ont été placés, le tout disposé à l’entrée de la dite Expo comme pour dissuader quiconque d’aller plus loin.
Dans tous les cas, une "artiste" dont « l‘œuvre » est à chercher sous la moquette épaisse d’un salon cossu ou sous les lattes étriquées d‘un parquet ciré ; et le commissaire de l’expo ne s’y est pas trompé - même involontairement -, en installant ces fauteuils et ce téléviseur.
Pour rester avec Beaubourg* qui, manifestement, ne souhaite pas être en reste avec quiconque cotise à la MDA ("Maison des artistes" - organisme agréée par l'État pour gérer le régime de Sécurité sociale des artistes) : Annette Messager.
Après le stade oral et le stade anal, voici venir le stade « peluches et souffleries ».
Dis ! Annette ! Franchement, à ton âge, hein ? T’as pas honte ?
Jeff Koons maintenant.
Ce blaireau rémunéré à coups de millions de dollars (aussi riche, sinon plus, qu’un joueur de basket de la NBA), cet ancien trader a été invité a exposé au château de Versailles en septembre ; petit lapin, homard et cœur géants.
Vraiment, j'ai été impatient de lire les papiers des journalistes qui ont été dépêchés sur les lieux ; personne n'étant épargné par l'automatisme d'une approbation aussi irréfléchie qu’injustifiée, leurs articles n'ont donc pas manqué de mentionner un Koons sulfureux, un Koons futé et drôle avec ça, et irrévérencieux et tellement cocasse et insolite, dans ce lieu chargé d'Histoire, et... et... et...
Alors oui ! Mille fois oui !
Confronté à toutes ces figures d’une scène prétendument artistique que des journalistes moutonniers n’hésitent jamais à encenser, à quand une critique et une histoire de l'Art qui relèveraient de l’invective, de l’insulte et du crachat, courage d'une main, désespoir et colère de l'autre, face à l'affront (quand ce n'est pas l'outrage) qui nous est fait, saison après saison, exposition après exposition, installation après installation, toutes plus indigentes les unes que les autres, foutoirs indescriptibles dans lesquels l'infantilisme côtoie le plus souvent le trivial qui côtoie le puéril qui à son tour embrasse l'anecdotique, le tout noyé dans un océan d’intentions aussi immatures qu’incompétentes et/ou jean-foutres.
Mille événements - en veux-tu, en voilà ! - proposés par des commissaires bavards et suffisants parce que... dans le meilleur des cas, snobs ou tout bonnement carriéristes, et dans le pire, tragiquement incultes, même bardés de diplômes issus d’universités-dépotoirs et d‘Écoles nationales dans l'impossibilité de refuser quiconque se présente avec en poche un sésame qui a pour nom : le Bac.
*) N’est-ce pas ironique de constater que l’exposition René Char à la BNF aura été bien plus proche de l’idée que l’on se fait de l’Art, de l’Artiste et d’une Oeuvre que toute autre expo à Beaubourg, ces derniers mois ? La poésie volant au secours d’un art aujourd’hui indigent parce que.... sans mémoire, sans culture et sans métier.
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Toute cette production tapageuse mais vaine, c'est Warhol qui a triomphé de Picasso, César de Rodin - un Rodin qui pourtant avait pris soin d’ouvrir en grand toutes les portes qu’un César s’est empressé de refermer sur un univers concentrationnaire...
Tout ce ramdam, c’est aussi - dans une longue liste qui n’épargne aucun art ni aucune discipline -, John Cage qui a triomphé de Boulez, Houellebecq de Jean-Edern Hallier et de Maurice Clavel, un BHL et un Finkielkraut pour triompher et de Sartre et de Camus et de Deleuze et de Foucault et de Derrida...
Et pour finir - un malheur n‘arrivant jamais seul -, c’est aussi Mitterrand et le PS qui ont triomphé de Jaurès, Renaud de Léo Ferré, le Rock du Blues ; Guillaume Durand et Franz Olivier Giesbert... de Personne.
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Mais... voilà que j'entends des voix ; elles me demandent de ne pas m’inquiéter car, personne ne nous demandera des comptes.
Dieu soit loué ! Personne ne nous demandera d’avoir honte car, ce qu’on ne vous a pas transmis ne peut en aucun cas vous manquer : un art d’aujourd’hui... pour demain qui renvoie aussi à hier, comme pour nous rappeler d’où l’on vient et sans qu'il ait été nécessaire d'y être allé ni d‘en revenir.
Un art intransmissible parce que... sans métier ce tapage auquel il nous est demandé d'adhérer ou bien, de nous taire et de disparaître. Car enfin... allez transmettre des peluches, des homards et des pouces ! Allez donc transmettre des concepts qui feraient hurler de rire n'importe quel étudiant en 1ère année de philosophie et nos penseurs mêmes les plus pusillanimes et les plus indulgents !
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Querelle des Anciens contre les Modernes ?
La bonne blague !
Grande bataille des idées neuves contres des idées anciennes ?
Encore faut-il qu’il en soit question car, pour ma part, je n’ai pas vu d’idées dans toute cette production.
Mais alors, cet art sans idée, sans art ni artiste sert quel Art ?
Il n’y a pas si longtemps encore, l’Art nourissait spirituellement et intellectuellement l’homme ; alors que depuis les années soixante et le pop art, (pour ne pas le nommer) l’art (du moins, celui qui nous est proposé) a non seulement perdu sa majuscule, mais il semble n’avoir qu’un souci : affaiblir l’homme jusqu’à l’avachissement.
Avec Duchamp, on avait l’audace, le courage, une radicalité assumée et salutaire ; le flair du prophète, mais aussi : l’hilarité et le scandale.
Aujourd’hui sans vision, la production de ces poseurs que l’on nous impose, ne dépasse guère le plus souvent le cadre des toilettes et/ou celui d’une chambre à coucher aux murs tapissés de jeunes filles en fleurs ; le nombril aussi, et plus bas encore mais... jamais plus haut.
A la trappe l’Universel ! Quid d’une tentative de sortir de soi et de son environnement immédiat : qu’il soit mental et /ou géographique.
Non ! Aucune vision digne de ce nom : celle d’un monde, celui d’hier, d’aujourd’hui et pourquoi pas, un monde pour demain ; artistes visionnaires, novateurs et précurseurs.
Pire encore, on cherchera en vain un savoir-faire pour défendre quelle que valeur esthétique que ce soit : efforts et travail dispensés pour une finalité bouleversante et incontestable dans sa maîtrise et son inspiration, témoin indiscutable d‘années de recherche et d’apprentissage solitaires et têtus.
Rédigé par : Serge ULESKI | 22/03/2009 à 22:17