2 avril
Lu: "Je meurs comme un pays" de Dimitris DIMITRIADIS, traduit du grec par Michel Volkovitch (Les Solitaires intempestifs). Actuellement à l'affiche, au théâtre, avec Anne Alvaro, dans une mise en scène d'Anne Dimitriadis (qui n'a apparement aucun lien de parenté avec l'auteur), à la MC93 à Bobigny.
C'est une complainte funèbre, un thrène. C'est dans la langue même, avec toutes les douleurs de la Grèce depuis Andromaque, que Dimitris Dimitriadis a puisé la source de ce chant singulier, et c'est comme si la langue était un pays dont nul ne connaîtrait plus le nom.
Où sommes-nous? Après la guerre. Quelquepart dans ce qui fut la Grèce. Dans une Iliade abandonnée par les dieux. Moins la terre d'Euclide où les ombres radieuses inventent la géométrie que celle, lugubre, fantomatique, crépusculaire, du cinéaste Theo Angelopoulos. On pourrait être aussi bien en Algérie, dans les Balkans, à Gaza, aujourd'hui ou alors il y a très longtemps. La peste ronge les coeurs et ça pue comme à Thèbes au temps d'Oedipe. Aucun enfant ne joue dans les rues de cette ville malade, maudite, inféconde. "Cette année-là, aucune femme ne conçut d'enfant. Cela continua les années suivantes"...
Les seuls personnages, ce sont les mots "capables de brûler la langue à jamais". A moins que la langue ne sorte de son lit comme un Scamandre en furie - ce fleuve dont Homère fit un dieu premier dans la généalogie des Troyens. On s'y perd. On s'y noie. Dimitriadis se souvient qu'il a traduit en grec des lyriques: Bataille, Genet, Koltès.
On frise le grotesque. On est à la lisière du pathos - mot grec, qui dit l'effusion et l'excès. Nulle emphase pourtant dans ce monologue forcené. Rien de sentimental. L'horreur s'accroît, et en même temps, la puissance du poème - car c'en est un! On est conquis par je ne sais quoi de vital et de salutaire, au-delà de la pitié. Est-cela qu'on appelait autrefois une catharsis? Encore un mot grec.
Dans le spectacle mis en scène par Anne Dimitriadis, des hommes passent, rêvent, jouent aux cartes, en suçant des olives devant un verre d'ouzo, du moins on l'imagine. Anne Alvaro est à elle seule un choeur à la voix qui s'étrangle sans se briser. Pas une larme. Des sanglots secs. Un cri de femme qui récapitule toutes les femmes. Et l'on songe: c'est une barbarie de ne pas connaître l'amour.
Elle est sublime, à la fois moderne et archaïque.
Et belle.
"c'est une barbarie de ne pas connaître l'amour."
Je suis bien d'accord avec vous : on m'a bourrée de neuroleptiques pendant quatre ans, ça veut dire quatre ans avec zéro libido et aucun sentiment amoureux. C'est pas humain! Là ça revient doucement, et même si c'est illusoire et impossible, ce que c'est bon!
Rédigé par : ororea | 02/04/2009 à 00:24
"Vinrent se mettre des chanteurs de thrènes qui poussèrent leurs chants plaintifs, ponctués par les longs sanglots de femmes."
Homère
...rigueurs sonores du contrepoint...j'entends...La Passion selon Saint Mathieu de J.S Bach ...
Rédigé par : Anne B | 02/04/2009 à 09:08
UN AMOUR DE BARBARIE
Les barbares font l'amour
Comme une catharsis en rut
Un rock'n'roll sacrilège
D'où jaillissent sereines
Les stances du napalm
Qui déflore les vierges
Cent milles verges
Au bout d'une guitare
Dont les cordes vocales
Sont les gibets d'une potence
Dont ne parle aucun crucifié
En orbite au milieu des sérieux
Rédigé par : gmc | 02/04/2009 à 13:35
très attachée à "ce cri de femme..." à envelopper la chair périssable qui reste éveillée contre le germe du monde.
Rédigé par : Sylvaine.V | 02/04/2009 à 14:23
Ah, la voix d'Anne Alvaro... Tragique, sensuelle, profonde, grave. Une grande voix de théâtre.
Rédigé par : Franck Bellucci | 02/04/2009 à 15:10
of this CFI they have shown themselves mreely a legend in their own minds, without comprehension of scientificity, nor of the priopriety of answering the charges levelled against them by those whom they have foolishly sought to deride by their ridiculous actions, borne of utter unlearnedness and ignorance of the matters on which they nevertheless seek to pass judgment.
Rédigé par : Stacie | 30/05/2012 à 05:25
Anne, ma soeur - Le Bateau Livre. Le blog de Frédéric Ferney
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Rédigé par : wjwmlzntq | 05/12/2013 à 10:21