9 mai
Retour sur une: "Journée afghane", avec notamment un concert d'Homayoun Sakhi (rubâb) et des lectures, "La poésie des femmes afghanes" par Atiq Rahimi et Leili Anvar, accompagnés par Fady Zakar (sindy sarangui), au Théâtre de la Ville, le 8 mai.
C'est la guerre, c'est toujours la guerre, là-bas, c'est fou tout ce que ça remue, tout ce que ça suscite, dans les corps et dans les âmes. Au-delà de l'horreur, tout est roses, nuit, poudre, poignard et cendres, tout est soif, sang et amour dans ces poèmes récités par Atiq Rahimi et Leili Anvar, en français et en persan. Le crépuscule est une barque d'or, et la nuit se fait lampe... Certains de ces poèmes sont inédits - choisis et traduits du persan par Leili Anvar qui les publiera l'an prochain -, d'autres sont des "landai" (poèmes populaires pashtounes) publiés dans "Le Suicide et le chant" de Sayd Bahodine Majrouh (1).
D'où viennent ces voix? Quel est ce pur instinct, cette attente, cet appel qui est l'origine même de la poésie? Qui sont ces femmes inconnues, parfois illettrées, qu'on croit invisibles et muettes sous leur chadri, et qui soudain s'arrrachent, se délient, se décèlent avec des mots brûlants de colère ou de désir? Elles extraient de leur coeur les pensées les plus secrètes, les plus intimes, les plus inavouables; elles savent embellir et orner ce qu'elles touchent. Et soudain, crevant l'ode ou l'élégie, un mot éclate, comme chez Eluard ou Aragon: "Liberté!". Comme une robe abandonnée sur le chemin.
Lyriques, elles chantent et elles crient, ces Afghanes - le mot "afghân", en persan, nous dit leur pays, les déserts et les cimes, mais il signifie aussi le "cri". Malgré la solitude et la douleur, chaque poème coule comme un baume. On oscille entre le tourment et la volupté, entre une douleur si pure qu'elle apaise et une joie si forte qu'elle fait mal. Pareillement, la viole afghane (sindhi sarangui) sous l'archet de Fady Zakar vous pince, vous perce le coeur d'épines, et pourtant ça vous calme, ça vous berce.
Rien de tel dans le concert d'Homayoun Sakhi, le maître du rubâb, accompagnés de quatre musiciens au dotâr, au toulé (flûte), au tabla et au zirbaghali, où la joie enfle, s'exaspère, explose sans fin et retombe en miettes d'argent, comme si on était convié à des noces. Ces virtuoses, quand ils s'enchantent de tous leurs doigts, ravis de leurs prouesses, se mettent à sourire. Supériorité de la musique sur la danse -car les danseurs ne sourient pas.
(1)Gallimard, collection "Connaissance de l'Orient", 1994.
Le regret de n'avoir point assisté à cette lecture de poèmes! L'ambiance que vous décrivez nous donne le sentiment d'avoir raté quelque chose de beau. Une frustration. Au moins, une fois ne sera pas coutume, nous pourrons nous rattraper en lisant... Vous nous direz quand ces poèmes de femmes afghanes seront édités. Merci.
Rédigé par : Rbf9999 | 17/05/2011 à 03:03
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