Depuis le mois de septembre, je vous ai invité à relire, autrement, La Fontaine, Saint-Simon, Dante, Balzac, et quelques autres. Pas question que je vous quitte – puisque c’est, hélas ! ma dernière chronique – sans vous parler de : Proust et de la « Recherche du Temps Perdu ». Ce sera mon cadeau d’adieu… non, disons : mon cadeau de Noël ! Soyons joyeux !
Pourquoi Proust ? Voici ce qu’écrit le Narrateur, épuisé et enfin heureux, à la fin de « La Recherche du Temps Perdu », ayant enfin accompli ce qu’il ne pensait pas avoir la force d’accomplir : « Nos plus grandes craintes, comme nos plus grandes espérances ne sont pas au-dessus de nos forces, et nous pouvons finir par dominer les unes et réaliser les autres ».
Pourquoi Proust ? Parce que c’est aussi un guide spirituel, un maître de vie… Car aujourd’hui, je m’adresse principalement aux adolescents, filles ou garçons, et en particulier à ceux qui trouvent ce monde insupportable, laid et vulgaire. Je les crois nombreux. D’abord parce que l’angoisse des jeunes n’a jamais été aussi grande, paraît-il, surtout en France – on ne sait pas pourquoi. Ensuite, parce que ce malaise n’est pas seulement causé par la situation économique et sociale, je parle de quelque chose de plus profond, d’une perte de confiance dans l’avenir que chacun peut ressentir et partager. Qu’ils sachent que Proust, oui Proust ! a été l’un d’eux !
Vous doutez de votre volonté, de votre force, de vos moyens ? Proust aussi. Vous n’êtes pas un artiste, vous n’êtes pas doué pour le dessin, pour la peinture ou la musique, vous en souffrez ? Proust aussi. Vous êtes amoureux ou triste ou jaloux. Proust aussi l’a été, et il a su le dire mieux qu’un autre. Vous pensez que votre vie n’a aucun sens et que vous venez trop tard ? Vous avez une santé fragile, vous vous trouvez moche, vous vous trouvez nul ? Proust aussi.
Et pourtant, malgré tout cela, il a réussi à accomplir un travail immense, il a écrit ce chef d’œuvre, « La Recherche », qu’on peut comparer à une « cathédrale » ou à une « symphonie ». Il a réussi à faire de ses défaillances une force… Pourquoi pas vous ?... Comprenez-moi bien : il ne s’agit pas, évidement, de l’imiter ou de l’égaler. Il s’agit seulement - avec lui, grâce à lui – et surtout si vous ne sentez pas très doué pour ça - d’apprendre à vivre ! Là où certains vous désespèrent, Proust vous donne du courage. On ne reçoit pas tous les mêmes cartes à la naissance, c’est vrai, mais c’est à vous de jouer la partie. Ne me dites pas : « C’est pas ma faute !..., c’est eux qui !… je ne suis pas responsable !... » Si, vous l’êtes ! C’est ça, le truc, ne protestez pas, ne vous résignez pas, prenez le taureau par les cornes ! Ca n’est pas gagné, ça ne se fera pas tout seul : il faut lutter, le chemin est long et difficile ! D’ailleurs, ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est la difficulté qui fait le chemin.
Deux choses importantes que nous dit Proust. La première : personne ne vous dit la vérité, il faut la trouver tout seul. Peut-être dans une région plus profonde et insoupçonnée de vous-même. La seconde : il ne faut pas tout confondre, réussir dans la vie, c’est bien, c’est magnifique. Mais réussir sa vie, c’est encore autre chose ! Une certitude : vous avez une place, et quelque chose à accomplir dans ce monde.
Comment faire ?... Proust a un corps et un cerveau. Vous aussi ! Servez-vous en, utilisez-les. Tout ce qui vous arrive, ça vous arrive à vous. Proust n’a cessé de s’observer, de s’éprouver. Il s’est d’abord contenté de sentir ; il s’est observé en train de dormir, de se réveiller, de rêver, de lire, de regarder, de respirer même – il était asthmatique ! - d’écouter, d’aimer. Faites la même chose. Vous ne deviendrez pas forcément écrivain - il y a même peu de chances ! -, mais vous serez moins bête. Devenez un athlète de vous-même ! L’intelligence, la sensibilité, ce n’est pas un don, une chose qu’on aurait reçu une fois pour toutes, non, c’est un processus, un combat que chacun peut mener par rapport à lui-même. C’est ça, l’enjeu. Et, croyez-moi, c’est une formidable école de liberté ! C’est un puissant remède à l’ennui, à la noirceur, au chagrin, au dépit, à la tristesse !...
Ouvrez les yeux. Il y a, dans chaque personne, un geste, une attitude, un signe, une étincelle à déceler et à recueillir. Regardez les visages des gens: c'est souvent plus intéressant que ce qu'ils disent. Ce qui compte, c'est le regard. "Ce regard, écrit Proust, qui n'est pas que le porte-parole des yeux mais à la fenêtre duquel se penchent tous les sens, anxieux et pétrifiés, le regard qui voudrait toucher, capturer, emmener le corps qu'il regarde, et le corps avec lui". Vous aussi, vous avez un oeil, un regard. Tiens, c'est bizarre: en grec, le mot theoria signifie regard. Aiguisez-le, ce regard! Vous avez le droit de vous moquer, ce n'est pas interdit. Un chien peut regarder un évêque... Vous avez le droit d'être cruel puique le monde l'est avec vous. Ne laissez personne vous dire ce qui est sérieux ou comique, trouvez-le vous-même. Trouvez-le en vous-même !
C’est ainsi que Proust nous invite à regarder autrement des choses qui nous paraissent banales ou sans intérêt. C’est une méthode - on peut lire Proust comme un nouveau « Discours de la méthode ». Par exemple, tenez, le sommeil. Ce n’est pas du temps perdu, c’est du temps retrouvé ! Le sommeil est une source, une drogue puissante et salutaire qui altère gravement votre perception. C’est bizarre mais comme c’est instructif ! « Un homme y paraît au bout d’un instant sous l’aspect d’une femme. Les choses ont une aptitude à devenir des hommes, les hommes des amis et des ennemis », écrit Proust. C’est très sexuel, le sommeil. Et, contrairement à ce qu’on croit (quand on ne l’a pas lu), Proust aussi ! Toutes ces choses bizarres que vous rêvez, certaines agréable, d’autres affreuses, ne les refusez pas. Elles vous disent quelque chose de vos désirs et de vos peurs. Car le désir et la peur, ça va ensemble. On peut vouloir supprimer les deux et devenir bouddhiste mais, franchement, ce serait dommage ! Arrangez-vous seulement pour que le désir soit toujours plus fort que la peur. C’est ça, le secret.
J’ai dit que je m’adressais principalement aux adolescents. Je m’adresse en particulier aux jeunes filles. Pourquoi ? Et bien parce que les jeunes filles ont, je crois, la capacité de lire Proust plus tôt et mieux que les garçons. Parce qu’elles savent d’instinct le lire comme il faut, c'est-à-dire comme un éveilleur, comme un tentateur, comme un maître. C’est ce que je fais aujourd’hui mais moi, il m’a fallu du temps avant de comprendre. Je vais vous faire un aveu : je ne le trouvais pas assez viril à mon goût, le petit Marcel ! Je lui préférais Hemingway ou Cendrars ! Bref, j’ai toujours pensé que les filles étaient plus en avance, plus malignes, plus sages ou peut-être plus folles que nous. A l'âge où les garçons s'étourdissent en bravades et en courses éperdues, elles s'entêtent de parfums et rêvent de plumes. Elles savent confusément que l'amour existe et qu’il appelle des formes, des mots, une poétique, et ça ne les effraie pas…
Qu’y a-t-il donc dans Proust de si précieux ?... Ca, précisément : cette idée qu’il faut devenir soi et inventer sa vie. A n’importe quel âge ! Car tout renaît, tout recroît, tout recommence sans cesse, à chaque fois, et pour chacun. Pour Proust, cela revient à se poser la question : qu'est-ce que l’art ? Qu’est-ce que la littérature? Le réel est violent, obscène, opaque: il faut en extraire une essence, des symboles, des lois. C’est ce que ce professeur de désir a réalisé en douce. C'est une révolution permanente. Une leçon de planètes! Proust est aux sensations intimes ce que Copernic est aux astres lointains. « Chaque individu recommence, pour son compte, la tentative artistique ou littéraire, dit Proust ; et les oeuvres de ses prédécesseurs ne constituent pas, comme dans la science, une vérité acquise dont profite celui qui suit ». N’est-ce pas pareil dans la vie ? Si. Chaque printemps a toujours le même hiver à vaincre. Chacun doit écrire sa vie, avec sa propre lanterne !
C'est quand même un paradoxe: Proust qui ne vit que dans le passé, la tête enfouie dans l'oreiller, je le lis au présent. Il me procure sans cesse des sensations nouvelles. Aucun livre ne me parle d’aussi près. Faites vous-même l’expérience ! Vous êtes ému par la beauté d’une musique ou d’un paysage, vos venez de perdre un être cher, vous avez un chagrin d’amour, Proust a ressenti cela avant vous. Il le nomme, il met des mots dessus.
Avant le peintre Turner, il n’y avait pas de brumes sur la Tamise, disait Oscar Wilde. Avant Proust, on ne savait pas ce qu’était le chagrin, et ce loisir enchanté que devient en prose la tristesse. Et peut-être aussi le dépit qui naît d’un amour déçu, ce poison que Proust érige en joie sombre et vraie. De cette perception suraigüe qui est presque une douleur, Proust a su faire une arme. Saisissez-là ! C’est ça, le miracle : « Chaque lecteur est, quand il lit, le propre lecteur de soi-même, écrit Proust. L’ouvrage de l’écrivain n’est qu’une espèce d’instrument d’optique qu’il offre au lecteur… ».
Alors, à vous de jouer!
Références. "La Recherche du Temps Perdu" de Marcel Proust en Pléiade, au Livre de Poche ou dans la collection Quarto-Gallimard (la seule édition en un seul volume). Cette chronique a été diffusée dans l'émission "Pas la peine de crier" sur France-Culture, le 20 décembre 2011. Pour information, les "chroniques" de "Pas la peine de crier" sont supprimées à partir de janvier 2012.
Merci Monsieur Ferney ! Bien qu'ayant déjà lu La Recherche 2 fois à 16 et 17 ans voilà qui me donne l'irrépressible envie d'y revenir !
Ne rendriez-vous pas vos éloges plus belles que les œuvres dont vous vous faites l'écho !
Quid de cet excellent essai découvert par votre voix à l'atelier de sculpture de la rue du Cherche-Midi ?
Nous le donnerez-vous bientôt à poursuivre ?
Par avance merci !
Merci de savoir transmettre aussi finement ! S'il vous plaît, continuez !
Rédigé par : Lucie Trinquand-Prel | 22/12/2011 à 19:06
Cher Frédéric Ferney,
Oui, c'est un beau cadeau cette "dernière" chronique qui me met les larmes aux yeux et je suis sûre que je ne serai pas la seule à être sensible à vos mots qui vont droit au coeur.
Ce fut une telle joie de vous lire à nouveau et, déjà vous voulez nous quitter?
Vous dites ici vous adresser principalement aux adolescents et aux jeunes filles. Voilà qui sèche mes larmes et me fait sourire car vous me faites croire que j'en suis, à un âge que je ne veux plus compter.
Où vais-je pouvoir trouver des billets qui me rendent moins sotte à chaque fois que je les lis, qui me font jubiler par leur pertinence, leur générosité, leur clarté. Il y a souvent tant d'emphase dans les blogs littéraires.
Je fais le voeu, égoïste, pour la nouvelle année de pouvoir vous lire, de me délecter de ces phrases qui font tilt : "ce loisir enchanté que devient en prose la tristesse.".
Mais quelle que soit votre décision, bien entendu je la respecte et ne vous souhaite qu'une paix et un bonheur mérité.
Amicalement.
Rédigé par : Ambre | 23/12/2011 à 11:25
Rien ne vous empêche de poursuivre sur ce blog cette chronique pourquoi ne vous voit -on plu sur arrêt sur image ?
cette chronique vous va comme un gant espérons que nous allons continuer à vous lire
Rédigé par : joelle lanteri | 23/12/2011 à 17:09
Merci de vos nombreux témoignages de fidélité.
"La Plume au vent" (ma chronique du mardi après-midi sur France-Culture) prend fin mais ce blog continue...
FF.
Rédigé par : Frédéric Ferney | 24/12/2011 à 10:27
Excellente nouvelle pour un Noël (plus) Joyeux!
Rédigé par : Ambre | 24/12/2011 à 13:35
Quel belle chronique Frédéric. Géniale, vraiment !
Voyons-nous.
Antoine Silber
Rédigé par : Antoine Silber | 25/12/2011 à 03:20
My problem was a wall until I read this, then I ssmaehd it.
Rédigé par : BertieorBirdie | 28/12/2011 à 18:22
Cher Frédéric (si je puis me permettre...),
toujours fidèle à ce blog, je n'avais pas jugé utile de m'y inscrire mais ce sera chose faite aujourd'hui même, pour vous montrer combien vous nous êtes nécessaire.
Il vous faut continuer à nous parler, s'il vous plaît : on entend trop peu de voix comme la vôtre. MERCI !
FG
Rédigé par : Francoise Granger | 28/12/2011 à 18:51
BZtjvh wsfplwcsstwj
Rédigé par : kvwxgm | 29/12/2011 à 09:14
@ kvwxgm :
www.amazon.fr/Lettres-choisies-Marcel-Proust/dp/2259185053
eril eriatnemmoc ed REILUOS (eilbuo'n sap). Ya ?
Rédigé par : K.Zxc | 29/12/2011 à 13:11
Plus revenue ici depuis mon changement d'ordi et de tout il y a des mois. Aujourd'hui je suis allée à la recherche du Frédéric Ferney perdu avec des mots clés, je l'ai retrouvé!
C'est super (mot post-proust)
Internet nous fait ainsi un petit peu triompher du temps.
Rédigé par : poisson | 15/02/2012 à 23:49
Promouvoir des auteurs morts, c'est bien, promouvoir des auteurs vivants serait mieux ! Mais promouvoir des inconnus, comme moi ce serait parfait !
Rédigé par : Jeanmi | 06/03/2012 à 13:56
http://www.youtube.com/watch?v=we7eSY3AiEk
Rédigé par : zab | 16/03/2012 à 22:08
Bonjour
Je vous conseille aussi la lecture des "insignifiances" de Thomas RAVIER. Un beau livre sur la mémoire et le poids des souvenirs.
Excellent!
Rédigé par : livre69 | 17/04/2012 à 17:08
The lowest depth I've been to was after the brakeup with my first girlfriend. That's the only time in my life I would say I clearly showed symptoms of clinical depression (for six months). It only made things worse to realize that I was more depressed by losing a girlfriend than I was by the death of relatives who cared for me longer and more deeply than she did. That made me feel more worthless than I already did. Since then, I've been dumped from much better relationships but never hit that level of depression again. So the depths of misery (mine, at least) don't necessarily correspond to an objective evaluation of the situation. It's not a satisfying answer, but I think most people here would agree there's much more evidence than my own case: The lowest depth of misery is a specific concentration of neurotransmitters and filled receptors in the brain. I sound like a robot or a Vulcan, but I think that's the ultimate answer.
Rédigé par : Nisful | 28/05/2012 à 05:33
First, circus panuets are evidence of the possibility that Satan does indeed exist:)I have 2 horrible moments. One is getting a call at 2am and learning that your husband has been in a horrible car accident and then having to wait hours before you know if he will live or not. Then being told he has severe brain damage and will likely be a veggie. (He has completely recovered now). Second, after my mom died, I sometimes had dreams about her. I remember how unbelievably happy I was to see her, then I'd wake up and remember the reality. That moment of reality made me terribly sad.I think the most tortuous thing would be to watch one of my kids hurting, either physically or emotionally.
Rédigé par : Bojan | 28/05/2012 à 07:18
I talk about Moby Dick and Lolita as if I've finished them, but I've only getotn about two-thirds into each. I've also probably pretended to read a book or two that was a gift, but only to the relative who gave it to me. I've never pretended to have seen a movie, though.Personally I'm proud not to have read any of the Twilight books. My sixteen-year-old sister has a photographic memory and can recall all the plot points while trashing them from a literary and feminist perspective. That's all I need ;)
Rédigé par : Jondom | 28/05/2012 à 14:58
RE: Felicity and LotR and certain other cissalc texts, it would work to say you're re-reading them and got so wrapped up in the story this time around that you got emotional. Or, you were struck by Sam's commitment to Frodo on this reading, and it didn't hit you like this when you read it before. And you didn't pick up on how much the film re-cast gender dynamics but are really aware of it while reading it again after the movies.
Rédigé par : Hari | 28/05/2012 à 14:59
I think it would be continuous pacyishl agony (brain stimulation caused? or just non-lethal injuries). Combined with a real or perceived loss of everything you hold dear: family being killed, or similarly tortured, every other person suffering in the same way Yeah. I can't think of anything worse than every being to be suffering excruciating pain and crushing emotional distress.
Rédigé par : Morad | 30/05/2012 à 06:12
Your example coeinbms the pain of loss with the pain of guilt. I think you can actually kick it up (down?) a notch if you as the parent know for a fact that your actions led to your child's death.I think of the episode of House where a women caused her baby's death when she was having a psychotic break. She was a person completely and utterly destroyed beyond repair.
Rédigé par : Adaham | 30/05/2012 à 07:42
tres bon blog, je recommanderais, et je laisse par la même occcasion l'adresse de mon blog:
http://petits-livres-entre-amis.overblog.com/
Rédigé par : armelle | 22/06/2012 à 20:07
Pour la suppression de "LOL" du dictionnaire !!!
L'entrée de l'abréviation anglophone "LOL" dans le dictionnaire marque l'avènement d'une "langue" qui n'en est en fait pas une. Elle consacre l'usage de termes qui ne sont pas du français et qui ne le seront jamais. Elle marque l'ouverture d'une brèche dans notre langue française qui permettra, à l'avenir, aux autres abréviations utilisées par les internautes (et récemment de plus) de rentrer dans le dictionnaire.
Ces abréviations ne sont pas du français, elles n'ont pas à se trouver dans le dictionnaire!
Il est urgent d'agir, avant que ces abréviations n'inondent notre langue pour mieux la supplanter!
http://www.avaaz.org/fr/petition/Pour_la_suppression_de_LOL_du_dictionnaire/?cPrJnbb
Rédigé par : Pétition pour la suppression de "LOL" du dictionnaire | 01/07/2012 à 13:06
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Rédigé par : Gloleemeria | 02/07/2012 à 13:01
Et sinon, c'est bien le festival d'Avignon, cette année?
Rédigé par : Zab | 10/07/2012 à 20:44
Amazing blog! Do you have any tips for aspiring writers? I'm hoping to start my own blog soon but I'm a little lost on everything. Would you advise starting with a free platform like Wordpress or go for a paid option? There are so many choices out there that I'm totally confused .. Any recommendations? Thanks!
トリーバーチ ポシェット かばん http://toryburch.prostaiq.com/【Tory-burch-トリーバーチ】-neon-snake-cross-body-bag-ネオン--jp-2025.html
Rédigé par : トリーバーチ ポシェット かばん | 21/08/2013 à 21:19