16 janvier
Reçu une leçon de vie de Françoise Sagan. En 1957, après un grave accident de voiture, elle répond à une interview de Madeleine Chapsal; elle vient de publier son troisième roman "Dans un mois, dans un an". C'est une jeune fille, elle a 23 ans.
La journaliste lui demande ce que cet accident a changé dans sa vie. Sagan répond:
- "... les épreuves n'apportent rien parce qu'elles sont rarement suffisantes pour tarir ces deux tendances profondes que sont: un certain appétit du bonheur et un certain abandon au malheur. Cet équilibre, ou ce déséquilibre, chez une personne, varie peu".
Croit-elle qu'on ne change jamais?
- "Si, mais pas comme ça. De toute façons, les changements, dans une vie, sont le plus souvent de surface, de tactique, et seuls les "autres", la rencontre avec les autres, peuvent les provoquer; Stendhal le dit d'ailleurs: << la solitude apporte tout, sauf le caractère>>".
Qu'aime-t-elle, chez un écrivain?
-"... C'est la voix. Certains écrivains ont une voix, qu'on entend dès la première ligne, comme la voix de quelqu'un. C'est ce qui compte pour moi. La voix, ou le ton, si vous préférez.
Qu'appelle-t-elle: solitude?
-"La solitude, c'est cette conscience d'un soi immuable, assez perdu et incommunicable à la fois. Presque biologique, en somme".
Ses ambitions?
-"J'aimerais écrire de très bons livres. Oui, c'est une vraie ambition".
L'argent?
-"C'est bien commode".
Et si elle en avait encore beaucoup plus?
-"... ça serait encore plus commode".
Cet interview est publiée dans un petit recueil intitulé "De très bons livres" (L'Herne).
Sagesse de Sagan. A certains endroits, on dirait que sa sagesse est infinie, et son ennui, sans bornes. Lucidité de Sagan. Seul l'excès l'apaise, elle le dit. Mélancolie de Sagan. Elle sait que les étés sont courts, et se fanent. Jeunesse de Sagan. Les Américains ont eu James Dean dans "La Fureur de vivre", on a eu "Bonjour Tristesse". J'en connais par coeur l'incipit: "Sur ce sentiment inconnu dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à poser le nom, le beau nom grave de tristesse"? On a beaucoup dit, parfois avec mépris ou avec dédain: le meilleur de Sagan est dans ses interviews. Elle y est toujours admirable d'intelligence et de simplicité. Elle sait qu'elle est devenue un personnage, elle s'en amuse, elle s'en fiche. Elle est sincère.
Beaucoup plus tard, en 1987, elle répond au "Questionnaire de Proust" pour le journal "Femme". On lui demande: quel est son idéal de bonheur terrestre. Elle répond: "Il y en a trop". Elle n'a pas mûri, elle ne sait pas, elle est identique à elle-même. Elle a toujours su que le talent était une grâce qui peut se perdre, s'abîmer. Il y a je ne sais quoi de féroce dans son humour, dans sa bonté, qu'elle a conservé de l'enfance. Douce, mais défendue.
Avec cela, elle avait le génie des titres: "Aimez-vous Brahms..." (sans point d'interrogation), "La Chamade", "Un peu de soleil dans l'eau froide", "Des bleus à l'âme", "Un sang d'aquarelle".
Vous parlez comme si vous ne l'aviez jamais rencontré ou interviewé vous même? Je me demande si un "critique" apprécie de rencontrer en vrai les auteurs car c'est un risque de fausser le jugement sur l'oeuvre, sur les livres qui permettent de se frotter à une individualité sans se frotter à la personne. Chez Sagan pas de désullusion, pas de retombée dans le trivial, pas de fracture entre l'écrivain et la personne, a-t-on la sensation en vous lisant, n'est-ce pas une exception?
Rédigé par : mme petit poisson | 16/01/2009 à 06:06
DES YEUX DE SOIE DANS DES FOUGERES BLEUES
Bonjour tristesse dit un certain sourire
Dans un mois ou dans un an
Si vous aimez Brahms
Les merveilleux nuages gardent du coeur
Un peu de soleil dans l'eau froide
Des bleus à l'âme ou un profil perdu
Le lit défait le chien couchant
La femme fardée de guere lasse
Laisse un sang d'aquarelle
Pour un orage immobile
Sans faux-fuyants ni chagrin de passage
Dans le miroir égaré
Rédigé par : gmc | 16/01/2009 à 08:57
guerre*
Rédigé par : gmc | 16/01/2009 à 09:00
Chère Madame Petit Poisson,
Non, je n'ai jamais rencontré Sagan en effet, je ne le regrette pas. Ni Cendrars ni Aragon ni Oscar Wilde sur lesquels j'ai écrit des livres. Ca ne m'empêche pas de rêver sur la personne, au contraire. J'ai aussi rencontré beaucoup d'écrivains, la liste est longue: Barthes, Foucault, Modiano, Toni Morrison, James Ellroy, Salman Rushdie, John Updike, etc. Je ne le regrette pas non plus. Ca permet de rêver autrement. Parfois, c'est vrai, ça peut devenir un obstacle, un écran.
Je crois que le meilleur d'un écrivain est dans ses livres. "Que me font les amours de Racine, c'est Phèdre qui m'importe"...
F.F.
Rédigé par : Frederic ferney | 16/01/2009 à 09:42
ceci est très juste, FF
Rédigé par : gmc | 16/01/2009 à 09:45
les deux dernières phrases surtout
Rédigé par : gmc | 16/01/2009 à 09:46
Dans une autre interview faite par Emmanuel d’Astier « Portraits » Ed. Gallimard 1969
ou il cherche ce qui est Sagan … « Sourire, mai 1966 » voici quelques extraits que je copie du livre :
A l’ombre de Sainte-Clotilde, un petit hôtel particulier…on entre dans un lieu de passage où circulent des gens qui ont l’air d’être ailleurs. D’Astier est dans l’appartement et dit :
« Je cherche ce que je voudrais emporter, je cherche ce qui est Sagan. Rien. Sur la cheminée, une pile de contraventions, ici et là, quelques feuillets de théâtre, une machine à écrire, un lot de livres et de publications qui font service de presse…Pas un meuble à la pointure de Sagan, pas un objet à sa main. Après dix minutes, je touche deux choses qui semblent s’approcher d’elle, un Proust illustré par Van Dongen, une lithographie en couleur qui exprime la bourgeoisie de Gyp, comme la plume de Sagan exprime la bourgeoisie en avant-garde de 1955…
…Sagan est deux personnes, ce mythe d’une Bardot littéraire fabriquée par la presse et le Match, et l’autre personne, Françoise Quoirez, cette fille croisée d’industriels et de hobereaux qui traverse les questions et la célébrité avec la moquerie d’une enfance.
Maintenant quelques questions posées dans une gare :
« E.A. : vous avez raconté toute votre vie à tout le monde ? F.S. : Hélas ! oui.
E.A. : quelles questions aimeriez-vous qu’on vous pose ? F.S. : Je n’aime pas les questions. J’aime les conversations. Toujours questionnée, je ne me sens pas à l’aise et je n’ai pas assez d’intérêt pour mon personnage.
E.A. : Qu’est-ce qui vous a conduit à l’écriture ? F.S. : Je crois que c’est la nature. J’ai vécu à la campagne pendant toute la guerre…
E.A. : Qui rêveriez-vous d’être ? F.S. : Pour rêver d’être quelqu’un d’autre, au moins faut-il rêver à soi-même…
E.A. : La peur ? F.S. : J’ai peur que les gens que j’aime meurent, peur de la maladie, pas de la mort pour moi-même...Non, pour les autres.
E.A. : Le succès et l’échec ? F.S. : Ne provoquent rien en moi. Néant. L’échec me fait plutôt au rire. La célébrité n’est qu’un moyen financier. En dehors de cela, c’est mortel… »
Elle dit aussi…mes jouets, ce sont les nuits parce que je sors…. La politique ?
La politique mondiale me fait penser au destin, à Sophocle : La Chine, l’Amérique, la Russie.
La politique française me fait penser plutôt à Plaute. J’ai des mouvements d’agacement ou de sympathie…..
Le social ? Elle aime qu’on l’aime, que si ceux qui ne la connaissent pas ne l’aiment pas, cela lui est complètement égal….que c’est déjà bien fatiguant de s’occuper des gens que l’on connaît…. »
….La nuit ? Je déteste tout ce qui réduit le temps…Le temps de nuit c’est une mer étale. Cela n’en finit pas…. »
J’arrête là, la copie partielle de cet échange…que je trouve intéressant à relever…rappelant que c’était en mai 1966. et Merci Frédéric pour votre "Bonjour"
Rédigé par : Sylvaine | 16/01/2009 à 11:41
Bonjour Frédéric Ferney
Merci de nous faire partager votre passion des livres. Pouvez-vous transmettre l'info suivante à vos lecteurs ?
Asie en Lumières – salon des littératures asiatiques
un rendez-vous autour des lanternes pour ouvrir des livres et s’ouvrir aux cultures d’Asie.
L’Association Asie en Lumières crée l’évènement à LOGNES, le 31 JANVIER 2009, de 10h à 18h, au Centrex (allée des Marronniers, à 5mn à pieds du RER).
Dans « la ville du dragon », le salon accueillera le public pour des rencontres avec des auteurs, des illustrateurs, des éditeurs, des lecteurs, des images et des livres !
Seront au rendez-vous avec leurs livres, Caroline Riegel, Caroline Barraud, Sumana Sinha, Frédéric Clément, Véronique Brindeau, Roland Lin, Christian Petit, Agnès Giard, Hoai Huong Nguyen, Fabien Tillon, Adrien Gombeaud, Chun-Liang Yeh, Loïc Barrière, Mélusine Thiry, Yi Wang, Ngoc-Thu Flament, Magali Turquin.
Tout au long de la journée, se tiendront des conférences, tables-rondes, rencontres littéraires, ateliers divers (initiation à la calligraphie et au haïku, fabrication de lanternes, lectures et contées, etc.) pour le bonheur des petits comme des grands. Un programme rythmé par des séances de dégustation de thé incluant le rituel Gong Fu Cha. Et pour le plaisir des yeux, une exposition d’illustrations, de photographies et de dessins d’enfants.
Un salon littéraire, culturel et populaire pour goûter aux littératures d’Asie, apprécier des idées, savourer des images, se régaler de lectures.
Asie en Lumières – salon des littératures asiatiques : une première en France. À ne pas manquer !
Ouvert à tout public, entrée gratuite.
Infos pratiques et programme détaillé sur le site du salon www.asie-en-lumieres.fr (tél. de l’association : 06 60 67 62 16).
Rédigé par : Asie en Lumières | 16/01/2009 à 12:26
Oui, cher Frédéric, je suis tout à fait d'accord avec ce que vous écrivez sur Sagan : elle avait en effet le génie des titres (hélas parfois le texte n'est pas à la hauteur du titre, je pense à "Un chagrin de passage" par exemple, mais après tout, c'est déjà beaucoup, un beau titre....). Elle avait aussi un humour féroce, un goût pour la dérision et l'autodérision. Elle avait encore l'élégance de ne jamais se prendre trop au sérieux, de toujours traiter avec une apparente légèreté - d'aucuns diraient désinvolture - des sujets pourtant graves. Peut-être ce talent-là l'a-t-il empêchée d'écrire un vrai chef-d'oeuvre, peut-être est-il aussi ce qui caractérise le mieux ses livres. Elle avait une acuité, un don de l'observation qui lui permettaient de sonder les êtres, les âmes, de décoder la comédie mondaine, celle-là même à laquelle elle participait tout en étant pleinement consciente de son caractère dérisoire, futile. Enfin, si elle n'est pas un "grand" auteur (mais d'ailleurs, qu'est-ce exactement qu'un grand auteur ?), elle est une voix, un ton, mélange de drôlerie et de mélancolie, un phrasé particulier, au sens propre comme au sens figuré bien sûr...
Rédigé par : Franck Bellucci | 16/01/2009 à 12:38
J'aime ce que vous écrivez sur les femmes écrivains, Frédéric !
C'est vrai que Françoise Sagan est sincère, du moins c'est ce que j'ai ressenti dans ces livres.
On lui reproche trop souvent son talent voué à l'autodestruction, d'où légende, clichés, stéréotypes,mépris...
Son écriture révèle un être vrai, libre, fuyant toute forme d'emprisonnement, elle provoque mais ne donne jamais prise, les mots lui confèrent cette inévitable distance dont elle a besoin.
Elle s'élance mais son tracé est délicat, il en émane une ineffable douceur.
"Derrière l'épaule" et "Avec mon meilleur souvenir",
(encore de beaux titres), sont de grands livres.
Rédigé par : Anne B | 16/01/2009 à 13:47
Saga, sagan, sagesse...
Rédigé par : unevilleunpoeme | 16/01/2009 à 16:14
"Je crois que le meilleur d'un écrivain est dans ses livres. "Que me font les amours de Racine, c'est Phèdre qui m'importe"...
F.F."
Euh moi par contre ça m'intéresse. Et vous ça va, les amours? (C'est pour rire...)
Rédigé par : ororea | 16/01/2009 à 16:39
Ça doit être quelque chose de rencontrer Toni Morrison. Hou la la. Il faudra nous raconter tout ça.
Rédigé par : Christine Jeanney | 16/01/2009 à 16:57
Pincez-moi. Qui aurait cru qu'un jour, Frédéric Ferney, "le" Frédéric Ferney, celui qui a interviewé Barthes, Modiano, Salman Rushdie, et j'en passe..., me donnerai un jour du "Chère Madame petit poisson". C'est dingue! C'est Abiker qui lui a dit "soit gentil, la pauvre, son IP est bloquée sur mon blog"? Dire que mon pseudo est quasi clandestin et que je ne peux me vanter de rien à personne. A chaque fois que ce miracle se produit, je n'en reviens pas. Je me dis c'est comme avant, avant une société pesante qui a complexifié les rapports humains, pleine de l'illusion que le côté début du net est comme un temps zéro, un début qui gomme des conventions de méfiance, qui balaye les risques de pesants échanges intrusifs d'un clic effaceur. Mais en réalité on peut chercher dans les avants en vain. Ce genre de communications extra-ordinaires se réalisant de façon aussi simple n'a jamais existé, je crois. Et même quand c'est avec d'autres anonymes comme moi, ça m'épate aussi, je suis pas si people.
Je poste cette bêtise car vous avez mis un autre billet, ça ne se verra pas trop. Au départ, je voulais juste vous remercier de votre réponse bien chouette. Merci.
Rédigé par : mme petit poisson | 17/01/2009 à 01:17
"Sagan...ça tient le coup!" (J.P.Sartre)
Rédigé par : pierrrot123 | 21/01/2009 à 20:59
When I managed a bortskooe, I spent a lot of time looking at these books. There is a big difference between hardback and paper the cover, duh. The cover acts as a protection for the book. There is also a big difference between trade and mass market the paper quality. The trade publication uses a better quality paper like the hardback. The mass market uses a paper closer to news print. The paper turns yellow (and eventually to dust) much faster than the trade and hardback quality papers. The mass market papers also tend to absorb the oils from your fingers. If it's a book I want to keep around for a while, I typically go with the trade.
Rédigé par : Methari | 27/05/2012 à 19:55
Dave: There's a difference bwteeen relativity and the Theory of Relativity. The word came from somewhere, you know ;) Perhaps I could try explaining the link bwteeen the points.The universe is big unimaginably so. Even from the edge of our solar system, our Earth is a tiny, barely visible dot. And the universe is far, far bigger than that.So yes, if you want to look at it that way, we really don't matter. You, me, everyone we know and love, all the material possessions we gather, the civilisations we build it'll all be dust in a billion years. A few billion years after that and this whole planet will be gone. We live for the briefest moment of time, in an incredibly tiny fraction of the universe.All we have in this life is ourselves and this world we live on. And it may be almost nothing. But it's all we've got. If nothing really matters, surely all we can hope for is to be happy, and to make the world a better place, for ourselves and the people around us? Because, in the truest sense of the words, everything else really is a waste of our time.
Rédigé par : Shuri | 27/05/2012 à 21:55
Hi,I believe that WE as human begnis have no obligation to make the world better, or even to be human' for that matter.There is no Mandate from Heaven', neither has Nature provided us with set goals. We can choose to make the world better or not, and that is what sets us apart from so many other creatures, not only that we can choose, but we also have the power to act on a scale unimagined by animals.Khalil(PS I wondered if anyone knew the name of the song.I tried searching for the lyrics as I listened to the song, but was unsuccessful)
Rédigé par : Tyga | 28/05/2012 à 02:52
The distinct designs of dress are corresponded with the trendy sunglasses
oakley crosshair http://www.monitoringdivision.net/tag/oakley-crosshair/
Rédigé par : oakley crosshair | 15/09/2013 à 14:47
Hi, I just wanted to tell you, you're dead wrong. Your article Sagesse de Sagan - Le Bateau Livre. Le blog de Frédéric Ferney doesn't make any sense.
Rédigé par : www.cuevasfilm.com | 22/09/2013 à 18:13
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Rédigé par : lgmxkbigio | 22/09/2013 à 18:27
They quickly can become your selected timepieces. It is possible to choose to wear them whenever you then have a prospect.
Rédigé par : special | 25/09/2013 à 11:41