5 janvier
LU: "Rêveries dans la ville" de Pierre SANSOT (Carnets Nord).
J'ai connu Pierre Sansot en 1977, au Lycée Chateaubriand, à Rome, où j'enseignais alors. Je le revois débarquer dans la cour du lycée, via di Villa Patrizi, avec sa tête de Sioux, le catogan faisant un brin sachem, son oeil bleu de glacier, à la fois coupant et neigeux. Il avait ce qu'on n'appelait pas encore: un look. Parmi tous ces jeunes gens de la Roma per bene, fils de diplomates et de stars, enfants des baby-boomers de la Dolce Vita, il ne passait pas inaperçu. Le lycée dépendait de l'Académie de Grenoble (où il enseignait la philo), il venait présider le jury du bac.
Nous parlions rugby, vins, coutumes. Quand Sansot vous parlait avec sa gravité naturelle, de sa voix un peu haletante, mais avec lenteur, il était difficile de ne pas l'écouter. Il avait des ferveurs d'apôtre sans Dieu. Il était capable de s'exprimer en toutes circonstances, y compris pendant ses cours, sans notes! Il s'exprimait avec exactitude et clarté, il semblait parfois vous supplier d'entrer dans son point de vue, ce qu'on faisait de bonne grâce. Je n'ai connu que Raymond Aron qui, comme lui, parlait comme s'il écrivait. Sauf que Sansot était un rêveur, un lyrique, un petit Condillac qui s'enchantait de s'émouvoir en sachant que la parole est essentielle au mouvement de la pensée.
Ce monde est un peu griffonné, il le mettait au clair, en prose. Il ne se prétendait écrivain que parce qu'il était philosophe, aimant aussi enfiler des perles, à la française. Il n'était jamais en panne, dénué d'états d'âme qu'il ne soit aussitôt capable de convertir en sensations ou en concepts. Il écrivait à toute heure et partout. Je crois qu'il aimait bien cela et d'ailleurs il ne s'en est pas privé.
Il partait de soi, non par narcissisme, mais pour mieux s'accroître du monde, comme s'il n'était qu'un simple réceptacle. Son humilité, c'était sa force, son orgueil caché. Il allait de l'intime vers le théorique sans établir de véritable hiérarchie, oscillant entre les preuves et les présages. Je l'imaginais en scribe égyptien ou étrusque penché sur ses tablettes.
Au "je", il préférait le "nous", plus complexe, à la fois plus solidaire et plus obscur. Dans ce livre, vous verrez, il fait comme Balzac: il rêve la ville pour mieux l'atteindre dans sa réalité; il se croit réaliste. Inutile d'ajouter que cet homme bourru et sensible et qui adore les lieux est un païen, ami des choses et assez peu enclin aux transcendances. Il rêvait d'une "fraternité retrouvée des hommes, des animaux et des dieux".
Sansot savait la beauté brutale du monde et il avait l'art d'en jouir, comme Apollinaire dans sa tranchée: " Il est arrivé que par contraste, la guerre dévoile une nouvelle innocence de la Terre dont nous avions oublié la totale candeur. Il suffisait alors que les armes se taisent. Tandis que l'Afrika Korps était au repos, l'évidence lumineuse de la Tunisie; tandis que partisans italiens et occupants concluaient une trêve tacite, la douceur de cette ferme dans la plaine du Pô - et la beauté matinale de cette île du Pacifique avant que marines américains et soldats japonais n'en viennent au corps à corps". Il faut une âme de poète pour oser dire ces choses qu'il ne faut pas dire.
Il y avait quelque chose de japonais dans sa conception de l'existence. Je l'aimais bien, je ne l'appelais pas "mon ami Pierrot" par déférence. Hormis Bachelard, il y a peu de philosophes qui savent comme cela vous emporter dans leurs filets, dans leurs songes. Ce livre testamentaire, un peu composite, coupé de divers cépages, s'achève sur un hymne fervent à la Terre.
Je ne l'avais pas encore lu (il avait déjà publié "Poétique de la ville", en 1973).
SOUL MYSTERY
L'âme des poètes
Ne connaît qu'une seule chose
Qui ne puisse être dite
Pour le reste
Elle se réjouit des limites
Qu'implosent ses lames
Dans les chants du possible
Ecorchant les vanités
Des superficies improfondes
Qui ruissellent de la vanité
Des sorbets sans copuleur
Et sans saveur mémorielle
Rédigé par : gmc | 01/01/2009 à 10:12
Moi, je n'ai rien encore lu non plus, comme vous. Enfin vous avant le après du pendant que vous nous racontez (continuez à mettre les 5 janvier avant les 1er janvier, ça ne me perturbe pas du tout, voyez). Par quoi commencer? (à part aller voir "sa tête" dans google image, suite à votre description intrigante) Pour le lire? Un philosophe, ça fait peur..., même si celui-ci a l'air de vouloir nous amadouer à travers vous.
Ma dyslexie naturelle me fait transformer batolibre en batorible, et non c'est pas horrible, ici.
Rédigé par : mme petit poisson | 05/01/2009 à 11:50
Friendships last a long time whenever equally friend feels brand-new areas such as a slight fineness in the several other.
UGG ¥¸¥ç¥¼¥Ã¥È1003174 http://kcclaky.com/index.php?main_page=index&cPath=125
Rédigé par : UGG ¥¸¥ç¥¼¥Ã¥È1003174 | 18/11/2013 à 13:54
Die Zusammensetzung des Gels ist natürlich streng geheim, aber Asics zeigt immer gern, was sein Gel alles abf?ngt. Bekannt geworden ist ein Test, bei dem ein Ei aus 6 Metern H?he auf die Gelschicht fallen gelassen wurde: Es landete sanft und unbeschadet.
Rédigé par : asisc | 03/12/2013 à 00:16