7 janvier
LU: "Le Week-end" par Bernhard SCHLINK Gallimard).
Vous vous souvenez, c'était en 1996, je crois. On s'en parlait beaucoup: "Avez-vous lu le roman de cet auteur allemand..., Bernard comment déjà? C'est ça, oui, Schlink!". Chaque lecteur de ce livre inespéré, "Le Liseur", faisait de nombreux émules. On ignorait que son auteur fut juriste et Herr Professor, magister à Berlin et magistrat en Rhénanie. Ses concitoyens, eux, ignoraient qu'il fut écrivain. Ce fut un best-seller mondial, les droits furent vendus à Hollywood. Il paraît que le film vient d'être achevé. Aujourd'hui, le nouveau roman de Bernhard Schlink, "Le Week-end", élégamment traduit par Bernard Lortholary, est encore une bonne surprise.
Je vois que l'ami Jacques-Pierre Amette dans "Le Point" le compare à Flaubert et Goethe, c'est dire. Il y a, chez Schlink, une ambition à la fois philosophique, morale, et bien sûr littéraire, qui consiste à vouloir élucider le mystère d'une époque: la sienne, la nôtre. Et que la peinture soit vraie où que l'on soit en Europe, aujourd'hui. Et que cela soit, absolument, un roman. C'est une singularité de cet auteur: quand je lis Schlink, je suis à la fois français et européen. Comme si Schlink avait une étrange aptitude à deviner nos mythologies, à déchiffrer nos sensations, à écrire ce qui se trame sous le mot: aujourd'hui.
Je ne vais pas vous raconter l'histoire. Schlink utilise en douce l'un des plus vieux thèmes de la littérature depuis "L'Odyssée": le retour du soldat dans son pays. Après vingt ans passés en prison, Jörg, un ancien terroriste de la Fraction Armée Rouge, a du mal à reconnaître l'Allemagne et les siens: sa soeur, ses amis, un avocat, un journaliste, ses compagnons de luttes dont l'un a fait une belle carrière dans... l'industrie! (C'est une trouvaille, ce nom: "Jörg", comme un haut-le-coeur de la mémoire). Tout va se régler en trois jours à la faveur d'un procès spontané, minutieux, implacable où se mêlent, avec les relents de la Révolution, les ambiguités de la jeunesse et les remords de la pensée.
On peut interroger la culpabilité allemande sur le mode tragique et sentimental: ça donne Thomas Bernhard, Schwabe, Peter Handke, toujours au purgatoire pour s'être rendu aux funérailles d'un tyran serbe. Des Autrichiens. Romantiques au fond, dans une teinte sombre, expressionniste, suicidaire, modernes par la fureur sans remède et par l'humour, avec je ne sais quoi de médiéval dans leur penchant pour la folie. Les acteurs adorent mais il faut le charme des monstres quand ils sont sacrés pour jouer cela.
On peut aussi interroger la culpabilité allemande sur le mode flaubertien qui consisterait précisément à résister au mode tragique et sentimental sans le nier. C'est le cas de Schlink. Pourquoi Flaubert? Parce que c'est sec, ironique, sans effusion. Parce qu'il y a aussi, dans "Le Week-end", de l'Eros et de la fatalité, des habiles et des vaincus, comme dans "L'Education sentimentale". Parce qu'à côté de l'insomnie, il y a aussi des moments de pudeur, de grâce, de séduction. Et plus si affinités. Amette n'a peut-être pas tort, finalement, de flaubertiser ou goethifier Schlink.
C'est rare, de nos jours, un auteur classique - un peu ennuyeux comme Thomas Mann? Non, classique mais aventureux, audacieux, brillant, et avec une intonation morale, comme disons Yourcenar ou John Le Carré. Ca vous va comme ça?
.
Oui, ça va.
"Dans nos murs", il passe bien Schlink. Mais,
Alors, dès 8h45, j'irai capturer le dernier Le Carré ... voilà où j'en arrive avec des Etres comme vous Frédéric ! ça ne semble rien mais en ce moment je vais de Zone à ... Weynfeldt ... sans parler des autres.
Merci pour ce clin d'oeil à B. S.
;o)
Rédigé par : Alistrid | 07/01/2009 à 06:32
Eh ben, les chroniques paraissent tôt.
"Comme si Schlink avait une étrange aptitude à deviner nos mythologies"
Je ne connais pas schlink, mais pour ce qui est de décrypter nos mythologies, je conseille "Nos mythologies" de Daniel Schneidermann ( Editeur : Plon,Parution : 01/12/1995), un bouquin génial...)
Rédigé par : ororea | 07/01/2009 à 06:50
VARIATIONS ORIENTALES
Un jour de RAF
Comme un fragment bleu
Tombé d'une écorce
Les Tchèques tiennent les trains
Mais Lara chante quand même
Sur la steppe enneigée
Vladivostok dernier tango
Six femmes dans la ville
Les danseuses du saloon
Milliers de soldats dans l'ombre
Un cosaque et un fouet
Qui écorche les filles
Rédigé par : gmc | 07/01/2009 à 09:48
Flaubert ? Tiens, tiens ... Si vous le prenez comme ça, ça va vite m'aller en effet, Frédéric.
Que dis-je m'aller, y courir plutôt !
;-)
Rédigé par : Jean-Louis B. | 07/01/2009 à 10:48
J'avais plutôt apprécié "Le Liseur" sans pour autant y trouver le chef-d'oeuvre loué par d'aucuns. (Ma note de lecture, succincte, est d'ailleurs consultable sur mon blog). Mais ce billet me donne bien envie d'aller voir du côté de ce "Week-end" qui semble prometteur...
Rédigé par : Franck Bellucci | 07/01/2009 à 12:09
"Le Liseur", un petit livre qui se lit d'une traite.
Une belle et tragique histoire d'amour, à la frontière du bien et du mal.La présence des mots écrits , mots de l'émotion et de la pensée sont indispensables pour vivre, leur absence est un vide, une porte ouverte vers les ténèbres...
(Hanna est insatiable quand Michael lui fait la lecture); c'est ce que j'ai ressenti à travers cette écriture sobre , modérée, oui Bernhard Schlink nous rappelle que les mots écrits sont indispensables à l'homme !
Très envie de lire "Le Week-End"
Rédigé par : Anne B | 07/01/2009 à 13:12
"Le Liseur", un petit livre qui se lit d'une traite.
Une belle et tragique histoire d'amour, à la frontière du bien et du mal.La présence des mots écrits , mots de l'émotion et de la pensée sont indispensables pour vivre, leur absence est un vide, une porte ouverte vers les ténèbres...
(Hanna est insatiable quand Michael lui fait la lecture); c'est ce que j'ai ressenti à travers cette écriture sobre , modérée, oui Bernhard Schlink nous rappelle que les mots écrits sont indispensables à l'homme !
Très envie de lire "Le Week-End"
Rédigé par : Anne B | 07/01/2009 à 13:13
Qu'est-ce qui va ?
Thomas Mann, personnellement, me va mieux que l'ennui éprouvé en lisant " le liseur". Mais on peut ne pas être d'accord ! Ca me va !
Rédigé par : ardente patience | 07/01/2009 à 13:26
Je reviens de ma bib de quartier. J'y ai cherché et trouvé "Le liseur" et aussi "Amours en fuite", qui réunit 7 récits sur la même thématique : comment naissent et finissent les amours ? Edité en 2001 chez Gallimard pour la traduction française.
Rédigé par : Jean-Louis B. | 07/01/2009 à 16:12
Je suis en pleine lecture de "Le week-end" !!!!
Rédigé par : Katell | 07/01/2009 à 16:41
Merci de rappelé la voix de ce futur prix Nobel...
Rédigé par : unevilleunpoeme | 07/01/2009 à 16:51
Alors, votre sentiment (sur "Le Week-end" de Schlink)?
F.F.
Rédigé par : Frederic ferney | 07/01/2009 à 17:41
Pardon, si ma chute n'était pas claire, Ardente Patience.
"Ca vous va comme ça?": façon de dire, comme mon boucher ou mon légumier, que j'ai fait bon poids. Flaubert, Goethe, Le Carré, Yourcenar...
Rédigé par : Frederic ferney | 07/01/2009 à 17:53
"Amours en fuite"c'est bien aussi, ces sept histoires sont de véritables romans.
j'ai trouvé "Le Week-end"...
Après je me plains d'être insomniaque !
Rédigé par : Anne B | 07/01/2009 à 19:13
Vivement le Week-end ( pas pour tout de suite "ici-là" )
Ã
Rédigé par : Alistrid | 07/01/2009 à 20:12
Je préfère votre boucher au mien, le mien dit toujours : " Ce sera tout ? ".
Pour le reste, jamais lu une seule ligne de Schlink. Pas encore.
Rédigé par : Christophe B. | 07/01/2009 à 21:51
J'adore SCHLINK. Je vais donc m'y mettre. A propos, j'ai fini de lire "JERUSALEM" de Gonçalvo M. Tavares. Je l'ai trouvé superbe : et vous ?
Rédigé par : PUERTA Y LUZ | 08/01/2009 à 09:59
Renaissance Italienne : Eric Llaurrent
C'est dire si chez nous il y a encore beaucoup de grands auteurs à découvrir. Pourquoi aller chercher Schlink, dont j'estime qu'il reste un peu tacheron dans son approche ittéraire. Mais c'est la mode des romans ratés (cf là ou les tigres sont chez eux, ni roman, ni chef d'oeuvre, quelques passages magnifiques mais ça sent le scolaire tout ça).
Cordialement,
stephane
Rédigé par : stephane | 08/01/2009 à 10:10
Oh ... merci de m'éclairer monsieur Ferner. Voyez, j'apprends encore à lire.
Rédigé par : ardente patience | 08/01/2009 à 12:24
Commencé "Le Week-End"
Un Roman vif, concis qui posent de vraies questions sur l'acceptation du passé.Dans ce hui-clos se succèdent les coups de théâtre, chacun cherche sa place,comme si l'on se trouvait dans un concentré de violence.Comme vous l'écrivez, Fréderic, c'est "Sec, ironique, sans effusion.
"Le Week-End" a la force du "Liseur" avec une intensité différente,toutes ces plaies difficiles à cicatriser me donnent froid dans le dos.
,
Rédigé par : Anne B | 08/01/2009 à 13:18
Mauvaise frappe, j'ai oublié de taper le S de huis-clos.
Rédigé par : Anne B | 08/01/2009 à 13:23
Idem pour "pose", décidément je suis plus habile avec un crayon,mes excuses...
Rédigé par : Anne B | 08/01/2009 à 15:18
Ce 14,
ça y'est, je suis en train de le lire. J'avance lentement, exprès. Je ne me souvenais plus de son écriture. Belle,signifiante,précise... Les dialogues sont parfaits. Les relations émouvantes. On y est.
Toute en lecture, je suis transportée, parallèlement, à une autre histoire pas vraiment similaire mais, ce Jörg...
Bon après-midi à vous.
Rédigé par : Alistrid | 14/01/2009 à 11:56
Mon sentiment après la lecture de "Le week-end" est que Mr Schlink est un virtuose jouant, tout en subtilité et avec justesse, sur les angoisses et tragédies allemandes. Pour moi "Le week-end" est dans la lignée de "Le liseur"...un regard sur des passés qui dérangent et font mal mais un regard qui n'accable pas et qui offre un espace de tendre compassion (sans pour autant biffer d'un trait les actes les plus atroces!).
En un mot comme en mille, un excellent roman, une belle photographie de l'actuelle société allemande avec ses peurs et ses envies de savoir même si cela est douloureux.
Rédigé par : Katell | 17/01/2009 à 15:57
Bom dia Ana Cristina,c9 um belo filme. Que pena ne3o se poder fazer uma ane1lise te3o precisa de Kate Winslet, por falta de hora de nticsmenao. De qualquer forma tinha uns tre2nsitos empolgantes. Marte, Jfapiter, Saturno, Neptuno e Plute3o muito bem oleados.Por ter feito ponte hoje, consegui ver a cerimf3nia ate9 quase e0s 5. Beledssima cerimf3nia. Antes, estive a ver no canal E! Entertainment o fru-fru da chegada das estrelas. :)Hoje vou divertir-me a tentar fazer uns posts red carpet. Abrae7o
Rédigé par : Israa | 19/04/2013 à 10:58