Scènes de la vie littéraire*

24 mars

- Qu 'a-t-on dit de moi à ce dîner?

- Pas grand chose.

- Parlez, je vous en prie!

- Quelqu'un a dit vous aviez abandonné votre chien et votre vieille mère au bord de la route pour partir en vacances.

- Ma vieillle mère, oui la pauvre, mais pas le chien. Et puis?

- Quelqu'un a dit que vous étiez un menteur et un escroc.

- Hé, hé, hé. Et après?

- Que votre femme avait couché avec toute la rive gauche.

- La belle affaire. Quoi d'autre?

- Que votre fils est un demeuré.

- Bien observé. Est-ce tout?

- Que votre fille est une grue, comme votre épouse en pire mais en moins sectaire.

- Ce n'est rien.

- Et puis que votre dernier livre est... hum!

- Oui, quoi? Quoi? Allez-vous parler à la fin?

- Nul.

- Et vous les avez laissés dire! Ah! les scélérats!

* D'après Chamfort, "Petits dialogues philosophiques", XLIX.

Comments

[Rédigé par : mme petit poisson]

Drôle de mise en jambes avant de recevoir Régis Debray...
Après, faudra pas s'étonner si vous lui balancez, sans y penser, l'air de rien, "Quelqu'un a dit que le Che est mort à cause de vous." ou un truc de cet acabit.

[Rédigé par : ardentepatience]

Je ne vois rien de mieux que laisser dire, en pareils cas.

[Rédigé par : ororea]

Oui, c'est très drôle, moi aussi j'adore qu'on dise du bien mes écrits comme dans la folie des grandeurs quand De Funès demande à yves Montand de le flatter : flattez moi mon bon Blase.
Qui vous visez? Tout le monde et personne, vous même peut-être? (on n'osera plus dire du bien de vos textes...)

[Rédigé par : ororea]

L'extrait de la folie des grandeurs auquel je pense :
http://www.youtube.com/watch?v=GzhPXceAbio

[Rédigé par : Claire Ogie]

A la fois drôle et tellement vrai, dans le sens tellement logique.
On peut laisser dire des horreurs sur les autres, sur nos proches, ça peut glisser. Mais sur ce qui sort de nous ! sur les mots que nous avons longuement couvés avant d'accoucher d'un texte complet, inconcevable !! Cela équivaudrait à nier, à rejeter, ce que nous sommes. Des génies en puissance. lol
Et puis encore ceci, autant de critiques ou de calomnies sur la vie des proches de cet auteur ne peuvent que l'alimenter un peu plus. C'est la force qu'il mettra dans ces prochains livres par soif de représailles plus ou moins romancées, batailles à coups de plumes vengeresses. Et ils auront intérêt à apprécier sacrebleu !!! sinon le suivant sera pire.

[Rédigé par : Claire Ogie]

Enfin pire ou meilleur, tout dépend par où l'on voit la chose...

[Rédigé par : nadege vidal]

drôlement bien écrit, drôlement bien pensé.

[Rédigé par : Anne B]

Désenchantement...???
L'homme est incapable d'accepter le monde extérieur...de communiquer avec lui...................

[Rédigé par : miss glu]

rien n'a changé depuis Chamfort...

[Rédigé par : Anne B]

Ororea,
Quelle étourdie, je fais!
C'est Debray aujourd'hui ?
Pouaaaaah !
"L'indésirable" Regis Debray, je ne lui pardonne pas son "contre Venise"...et s'il n'y avait que cela...

[Rédigé par : gmc]

excellente sélection, ff

[Rédigé par : Gaspard]

Les auteurs devraient pourtant être capables de comprendre qu'il est tout aussi intéressant pour eux de savoir pourquoi l'un a aimé leur oeuvre et l'autre détesté.

[Rédigé par : ororea]

@ Anne Ah bon, moi j'ai pas de préjugés, je n'ai rien lu de lui : j'ai vu que Marie Debray, l'animatrice de mon atelier d'écriture, lisait son bouquin sur le Che et j'ai un peu regardé Wikipedia.
"Quelle étourdie, je fais!
C'est Debray aujourd'hui ?"
Vous faites semblant d'avoir oublié, vous jouez l'indifférence? Genre : suis moi, je te fuis, fuis moi, je te suis? Ouais, ça peut marcher...Surtout quand on parle italien; Faudrait que j'essaie en espagnol pour voir : Querido Federico, Tu eres tan bello como el amanecer, estas libre esta noche? Ven, devorame otra vez...
http://www.youtube.com/watch?v=2IpggldF0Xs
... Ce genre...Ou en anglais, à la James Blunt. You're beautiful, you're beautiful, it's true...
http://www.youtube.com/watch?v=ztc4V3ttlso
Bon, c'est pas tout ça, j'ai rdv chez le psy, je reviendrai pour l'émission.

[Rédigé par : Anne Burroni]

Egotisme, délices et complexité de la nature humaine...
L'auteur manifeste une rectitude d'esprit et une apparente légèreté dont l'ironie cependant l'éloigne du dépit.
Il lui reste ses écrits, dernier bastion peut-être qu'il veut infranchissable, le seul pourtant qui le rend encore vulnérable...
Merci pour ce petit texte tout simplement exquis.

[Rédigé par : ororea]

Ca fait une heure que j'attends fébrilement l'émission Dans le texte...Enfin mon psy ne m'a pas interdit de jouer avec FF, djà ça...

[Rédigé par : Ouam-Chotte]

Quelqu'un qui a le sens des priorités cet auteur. Il a gardé le chien.

[Rédigé par : ororea]

J'ai regardé le débat sur le livre de Debray. Premier point ça doit cailler ferme chez DS parce qu'ils étaient tous très couverts.Judith avait un joli pull gris et blanc, Debray une chemise bleue à rayures et une veste beige, Naulleau un jean delavé et un pull noir et FF comme promis (merci) une chemise bleue mais avec un gros pull noir par dessus (que ça donnait envie de lui enlever le pull)et un jean bleu qui lui donnait un air juvénil et rompait avec l'image du dandy.
Le débat portait sur le concept de fraternité sous toutes ses formes, un débat philosophique bien que Debray s'en défende. FF a bien pris la parole, Naulleau un peu moins, Judith n'a pas trop été bavarde et c'est surtout l'auteur qui a parlé. FF et Debray semblaient avoir fait les 400 coups ensemble et se tutoyaient. Judith a reproché à Debray d'écrire sur un sujet qui rassemble (la fraternité) dans une langue ségrégante, ce dont l'auteur était lui même désolé. Naulleau a dit qu'il fallait bien que les oeuvres résistent un peu à la compréhension immédiate et Debray s'est reconnu un peu artiste (Judith a loué son génie musical).Bon je ne vais pas vous résumer tout le débat, ça dure 74MIN. Quelques points, FF a redit (déjà dit dans Droits d'auteurs) qu'on ne peut pas obliger quelqu'un à vous aimer, il ne suffit pas de dire : aime moi.(hmmm, mauvais signe ça) Il a dit aussi que les femmes s'en foutent de la fraternité, elles veulent de l'amour. Et puis il a glissé que les hommes aussi ont besoin d'amour...(en tant qu'érotomane spécialisée en éphéfologie, je me permets de proposer mes services)Bon là j'exagère il a aussi évoqué des sujets sérieux...A noter quelques jolis plan sur le fou rire de FF et sur ses mains (j'adore ses mains viriles)Voilà pour les non abonnés, avez vous des questions?

[Rédigé par : Anne Burroni]

Très gentil de nous faire profiter de l'émission avec cette ébauche très agréable et drôle à lire.
Sympathique de votre part.
A n'en pas douter, FF doit être assez fier d'avoir une fan de cette trempe.

[Rédigé par : ardentepatience]

Euh ... deux heures deux du matin ... qu'est-ce que je viens faire ici, j'ai déjà tout lu toute à l'heure en remontant du boulot, mais quoi ? C'est tellement rare la spontanéité. Alors sur la Toile pour écrire une ligne ... j'te raconte pas ... au sus et au vu d'on ne sait bien qui ... moi si je ne me retenais pas qu'est-ce que j'alignerais comme conneries. Bref, je voulais écrire une ligne, une toute petite, un cri du coeur même, folledingue me voici : Ororea, comme ça en passant, pour la gloire de l'instant, une flammèche dans ce grand "frigidaire" qu'est un blog : vous êtes magnifique !
j'ai bien dit MA-GNI-FIQUE. Je crois que je viens autant apprendre à lire ici que pour vous entendre. Z'allez être un grand écrivain ou quoi ? Surtout portez-vous bien ! (Comment vous faites pour être si bien vous-même ? Oh prenez pas la peine de me répondre, ce soir je dois me sentir bien je ne crains rien des autres)

[Rédigé par : Anne B]

"Euh...quatre heures du matin..." je viens de reposer mes livres "frères" d'insomnies (il faudra que je donne la liste à Yasmine), pour remercier ororea...
J'étais sûre de trouver un commentaire drôle et savoureux !
Vous avez fait connaissance avec Debray?
Grâce à vous j'ai envie de voir l'émission mais pas de lire R. Debray, la "Fraternité", ça me fait doucement rigoler. Debray, le vétéran, avec sa langue "clichés",savez-vous ororea que la "Fraternité" est née avec les Sans Culottes ?
J'ai aussi des citations de Debray dans mes carnets(mais lui, il n'a pas droit au moleskine, c'est tout de même un cahier italien), je vous laisse apprécier, c'est édifiant :
"Si Voltaire est admirable en défenseur de calais ou en libre-penseur, il y a tout de même un confort intellectuel voltairien qui me semble paralysant et à la limite cauteleux, un peu frileux, un peu présomptueux! Voltaire n'a pensé ni la Nation, ni la Révolution, ni l'esprit essentiel pour comprendre les sentiments d'appartenance. Ce parvenu se prenait pour un aristocrate"! (essai, "Aveuglantes Lumières").
Frère Debray fait semblant d'avoir compris l'esprit des lumières, pauvre Voltaire, attaqué comme de son temps par "les excréments de la littérature".
Ororea, Debray avait-il un petit costume étriqué ou c'était la grande classe ?

[Rédigé par : ororea]

Merci pour tous vos compliments, je suis comme De Funes dans la folie des grandeurs : j'adore qu'on me flatte. Ardente patience, vous êtes un homme ou une femme? Frère Régis portait un truc d'aventurier ample assorti à la couleur de ses cheveux...Pour ce qui est de faire connaissance, j'ai toujours eu un faible pour les philosophes (mon premier amour, en hypokhâgne,à 17 ans, c'était un philosophe); Pour ce qui est de sa théorie de la fraternité, les trois animateurs ont bien montré qu'elle avait des failles.

[Rédigé par : Yasmine]

Merci Ororea, de donner “la couleur” de cette émission ! Pour les ceusses qui comme moi n’y ont pas accés –quand bien même j’y serais abonnée- c’est un vrai plaisir. Vous le faites d’une façon vivante et “colorée “ justement, et dans tous les sens du terme ! Continuez, surtout.

[Rédigé par : Yasmine]

D’accord pour la liste, Anne, même si je doute en trouver ne serait-ce qu’une virgule ici !... Pour quelques livres, il faut se battre ! Emprunter aux “frères et soeurs” quand c’est disponible, faire venir par des “voyageants” quand c’est possible ou acheter quand on voyage soi-même !... Que pensez-vous de cette ascèse, Ororea ? Debray, aucune envie de me battre pour le lire, son air compact, ramassé et fermé m’en dissuade, peut-être injustement d’ailleurs ! De toutes façons, fraternité ou amour, aimer tout le monde, c’est n’aimer personne.

[Rédigé par : ardentepatience]

Coucou,

Ororea, je vous assure que je n'ai ... aucun désir ... de vous flatter ! Et que vous n'avez rien à craindre de moi je ne suis et ne serai fan de personne ici-bas ! Comme d'hab sur la Toile la spontanéité ou voire la sincérité passent mal, c'est peut-être parce qu'il n'y a pas le son. Cependant, grâce à vous j'ai fini par m'abonner à ASI, ils peuvent vous remercier sérieusement. Je me suis abonnée évidemment parce qu'il y a une émission littéraire (n'ayant pas la télévision, je ne connaissais pas, honte à moi, le Bateau Libre). Je n'ai vu que la moitié de celles d'hier à peu près, et cela m'a rappelé un très très beau texte de René Maheu, ancien directeur de l'Unesco dans lequel il évoque la fraternité : voici l'adresse de son allocution magnifique à l'occasion du sauvetage du temple d'Abou Simbel des eaux du Nil dans lequel, je cite de mémoire, il dit :

"le seul acte d'éternité
et l'acte de fraternité"

http://www.poesie.net/abou_simbel.pdf

Je ne connaissais pas Régis Debray, seulement de nom. Je trouve son propos sur la fraternité intéressant quoique incomplet, il y aurait eu beaucoup à dire encore. Dès qu'on parle du sacré, on aime à se gausser ... et Voltaire est tellement sacralisé qu'il en est devenu intouchable, aurait-il voulu, je me demande, qu'on en fasse une idole : j'en doute !

[Rédigé par : ardentepatience]

Je profite du fait que personne ne rôdera plus ici - parce que ça m'agace depuis deux jours - pour présenter, aux lecteurs passés et à moi-même tant que j'y suis, mes excuses pour l'indigence de mon orthographe et parfois de ma syntaxe. Je plaide coupable. Quelle folle. Alors quand je cite sans me relire et mal un extrait d'un somptueux texte, je suis proche du suicide. Nan, je blague, j'ai juste sommeil ! Et je ne désespère pas de me relever un jour.

C'était donc : "le seul travail d'éternité est l'acte de fraternité".

(Je me tais maintenant mais) que c'est beau.