"Au moins j'aurai laissé un beau cadavre", d'après "Hamlet" de William Shakespeare. Adaptation, mise en scène, conception visuelle et scénographique de Vincent Macaigne, Cloître des Carmes, à 21h30 (jusqu'au 19 juillet).
"Baste! C'est pas bientôt fini, ce bazar! Arrêtez de bassouiller, les enfants!" aurait ordonné ma regrettée grand-mère devant les ébats de ces turlupins mâchurés de boue, et hurlant sans trêve, façon horde. Avec Vincent Macaigne, on sait tout de suite qu'on n'est pas chez Claude Régy et, à chaque instant, on s'interroge: "Mais qui va faire la lessive!" Si vous aimez les demi-teintes, l'ombre et les murmures, si vous avez le culte du canon shakespearien, passez votre chemin.
Vous auriez peut-être tort. Adieu remparts, brume, spectre, écueils battus par les vents! Macaigne rompt avec les codes du romantisme; il dépouille Hamlet de son pourpoint noir et arme son bras d'une tronçonneuse. Il expose la chair devenue viande, alterne le strip-tease et les sévices, asperge les corps de baquets de sang. D'emblée, les comédiens pataugent dans un cloaque. Est-ce choquant? Mieux que ça: gore, grotesque, strident, trash, scato, hystérique, jubilatoire. C'est une joyeuse parodie. Un carnage.
Rassurez-vous, Shakespeare peut bien subir tous les outrages, il en a vu d'autres. Non seulement il résiste mais il acquiert, ici ou là, un sens inaperçu et fécond. Supposons, par exemple, que le père d'Hamlet n'ait pas été un type bien, qu'il n'ait été qu'un tyran assoiffé de conquêtes, seulement épris de sa propre gloire et coupable d'avoir entraîné son pays dans une guerre inutile avec la Norvège. Alors son frère Claudius n'aurait pas eu de si mauvaises raisons de l'éliminer. Il y aurait en lui du Brutus plutôt que du Richard III.
Quant à Hamlet, vous ne trouvez pas qu'il a un côté ayatollah? Cette obsession de la pureté, ce dégoût de la chair, ce mépris de la femme, cette haine de la joie, ça ne vous fait pas peur? Les passions qui l'animent ne conduisent-elles pas tout droit à la terreur et au meurtre? Les justiciers, hélas, sont aussi des monstres, et la tristesse est un crime. "T'es un enfant gâté... un putain de dépressif!" lui dit Claudius dans son style imagé.
Ce sont quelques pistes que Macaigne explore avec succès. Alors oui, au bout de deux heures, il ne sait plus trop ce qu'il veut signifier ni comment finir. S'il ne manque pas d'idées, il est en panne de forme, au sens artistique. Le mauvais goût, le kitsch, la violence s'épuisent. A force de s'égosiller sans répit, les comédiens sont à bout de nerfs, abandonnés à eux-mêmes. Nous, on est las de s'esclaffer. Les scènes se succèdent de façon aléatoire et brutale, on tourne en rond, la coupe est pleine: de Nietzsche et de Mélanchon, de courroux, de nuit, de caca. C'est du grand n'importe quoi. Ce qu'on retiendra malgré tout: les éclairs furieux, les convulsives lueurs d'un barbouillage salutaire. Ce qu'on appelle en peinture: l'art du fa presto. Après le léché (Chéreau), le craché (Macaigne)!
Seul le langage choisi par Vincent Macaigne est possible de faire comprendre quand les souffrances dépassent la force controlée.
Vincent n'est pas agressif et ni malpoli,
Vincent est avec beaucoup d'éducation et respect vis à vis de tout être.
Vincent est tout à fait capable de présenter des scènes habituelles ordinaires: S'il a pris cette présentation, c'est pour faire entendre la voix de ceux dont notre société n'a pas l'attention de les entendre et détourne son regard .
Vincent donne la voix à ceux qui ne l'ont pas.
Merci à Vincent et ses comédiens,comédiennes qui sont très généreux et courageux de nous faire savoir ce dont nous détournons nos regards et nous les accusons et nous les rendons coupables:Alorsque le couble sommes nous les pouvoirs:(pouvoirs dans les familles,pouvoirs des politiques,pouvoirs des pays,pouvoirs de nos ainés, etc...
Rédigé par : sina | 18/07/2011 à 17:13